Tête baissée, cette mère de famille n’arrive pas à fixer des yeux le magistrat de la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca ni à tourner la tête vers l’assistance pour regarder quelques proches qui sont venus pour la soutenir.
En fait elle n’a jamais imaginé être dans cette situation, elle qui n’avait l’intention que d’aider son fils à émigrer en Europe. Elle se retrouve poursuivie pour adultère. Son mari ne lui a pas pardonné pour qu’elle soit relâchée. Son partenaire est un escroc qui a déjà purgé une peine pour le même motif d’un an et demi de prison ferme. Il est également marié, mais son épouse a renoncé à le poursuivre en justice pour que l’accusation d’adultère soit retirée et celle d’escroquerie avec récidive gardée.
L’affaire a commencé par un appel téléphonique reçu par cette mère de famille. C’était son amie intime qui lui a téléphoné pour lui donner le numéro d’un homme qui pouvait aider son fils à aller en Europe. Effectivement, elle l’a appelé pour qu’il lui accorde un rendez-vous dans un café situé au centre-ville de Casablanca. Selon ses déclarations consignées dans le procès-verbal, elle avait informé son mari de sa rencontre avec cet homme qui devait lui rendre ce service moyennant une somme d’argent. Une déclaration qui a été rejetée par son mari. Ce dernier a expliqué devant le tribunal qu’elle ne l’a jamais informé de quoi que ce soit. Cette femme a précisé, lors de son interrogatoire par la police judiciaire, qu’elle a effectivement rencontré cet homme qui lui a demandé une somme de trente mille dirhams pour que son fils parte en Espagne.
Elle lui a dit qu’elle ne pouvait lui donner qu’une somme de dix mille dirhams. C’est ainsi qu’il lui a proposé, à défaut d’argent, de partager avec lui le même lit. Après avoir longtemps hésité, elle lui a enfin cédé, dans son appartement à Sidi Maârouf. Mais lors de la seconde fois, ses voisins ont alerté la police qui s’est dépêchée sur l’appartement et arrêté les deux.
Selon l’enquête policière, l’escroc demeure au quartier Bourgogne et il aménageait cet appartement de Sidi Maârouf pour la débauche. Selon les déclarations de ses voisins, il y amenait à chaque fois une femme.
Verdict : Jugé coupable pour escroquerie, il a été condamné à deux ans de prison ferme alors que la mère de famille a écopé de six mois de prison ferme.