Il croyait avoir enterré à jamais son douloureux passé enfantin, mais celui-ci finit toujours par resurgir. Il en a fait l’amère expérience.
«A chaque fois, il me demandait si je me souvenais de ce qui s’est passé quand nous étions enfants», explique ce jeune homme de vingt-six ans au président de la Cour, à la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Devant les trois magistrats il regrette son acte criminel commis à un moment de perte de contrôle de soi, ajoute-t-il. Certes, le président de la Cour lui explique qu’il est poursuivi pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner et non pour homicide volontaire. En effet, lorsqu’il était encore enfant, il jouait avec ses camarades. Seulement, puisqu’il n’avait personne pour le défendre, ses camarades n’hésitaient pas à le conduire vers un terrain vague situé à Sidi Othman pour abuser de lui à tour de rôle. Il n’a jamais confié quoi que ce soit à ses parents, a-t-il précisé à la Cour qui écoutait attentivement ses déclarations.
Mais, lorsqu’ils sont devenus adultes, la victime, un jeune de vingt-sept ans, ne ratait pas l’occasion de se moquer de lui surtout lorsqu’ils se soûlaient en compagnie de leurs camardes du quartier tout en lui rappelant qu’ils abusaient de lui lorsqu’il était enfant. Des propos qui lui faisaient très mal au cœur, mais sans pour autant penser à se venger. Toutefois, la victime a dépassé les bornes lors de la nuit du crime. Car, elle a commencé à raconter en détail ce qu’ils faisaient endurer au mis en cause. Profondément indigné, celui-ci a saisi un couteau et lui a asséné un coup à la poitrine. La victime a vite perdu connaissance. Evacuée au service des urgences de l’hôpital, elle a rendu l’âme. Après les délibérations, la Cour qui a fait bénéficier le mis en cause des circonstances atténuantes l’a condamné à dix ans de réclusion criminelle.