Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca.
Jamal, vingt-trois ans, nie énergiquement avoir tué Abdelali, qui n’est autre que son voisin. Poursuivi pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner, Jamal affirme n’avoir pas donné le moindre coup à son voisin mais qu’il l’a uniquement poussé. En tombant ce dernier a été touché par le couteau qu’il tenait à la main. «Je n’étais pas armé, M. le président, contrairement à lui qui, couteau à la main, me menaçait de me tuer», assure Jamal.
Les trois témoins qui ont été choisis par le tribunal attestent ces faits. Abdelali, âgé de vingt-deux ans, est un repris de justice puisqu’il a déjà purgé une peine d’emprisonnement d’un an pour sa complicité avec une bande de malfrats dans plusieurs agressions. Mais cette fois l’agression n’était pas le mobile de ce crime, mais le harcèlement sexuel. En effet, selon le procès-verbal, Abdelali harcelait la sœur de Jamal. C’est la raison pour laquelle il l’a sollicité de respecter le voisinage. «Mais il m’a insulté tout en traitant ma sœur de prostituée qui couche avec tout le monde», précise Jamal lors de son interrogatoire par la Cour.
Exacerbé au plus haut point, Jamal est retourné chez lui pour s’armer d’un couteau. Il rejoint sur-le-champ Abdelali qui semble être sous l’effet de la drogue pour lui donner rapidement un coup le touchant au niveau de la poitrine. Abdelali s’affale sur le sol. Evacué vers le service des urgences de l’hôpital Sidi Othman, il rend l’âme. Bien que Jamal rejette en bloc cette version des faits, la Cour le juge coupable et le condamne à quinze ans de réclusion criminelle.