Expulsé de France après avoir été déchu de la nationalité française en 2014, Ahmed Sahnouni El Yaacoubi, considéré comme le cerveau d’un réseau de recrutement d’Al-Qaïda sur Internet et qui a passé 5 ans de prison en France, a été condamné, jeudi dernier, par la chambre criminelle chargée des affaires de terrorisme près la Cour d’appel de Rabat, à cinq ans de réclusion criminelle.
Ce père de deux enfants, âgé de 42 ans, divorcé, a quitté clandestinement, en 1995, le Maroc pour atterrir en France, chez son frère demeurant à Paris. Après sept ans de clandestinité, il a fini, en 2002, par avoir la nationalité française. En fait, jusqu’à 2007, il était une personne sans problème qui aidait son frère disposant d’un débit de boissons. Mais, la mort de sa mère semble avoir bouleversé sa vie. Il a tourné le dos au commerce de boissons alcoolisées pour fréquenter une mosquée située au quartier Saint-Denis, à Paris. Depuis, il a commencé à surfer sur la Toile où il a fait la connaissance d’un certain Cheikh Abou Kandahar qui l’a convaincu de rejoindre «ses frères» en Afghanistan pour le Jihad. Sans hésitation, via la Turquie, il est arrivé, en 2009, à s’installer dans l’une des «maisons de repos» appartenant à l’organisation terroriste Al-Qaïda. Avec une kalachnikov et une somme de 2.000 euros en poche, il a été conduit, en compagnie d’autres djihadistes originaires de plusieurs nationalités, vers la région d’Herat pour rejoindre les combattants des Talibans.
En avril 2010, la police marocaine a arrêté 24 membres d’un réseau terroriste lié à Al-Qaïda, dirigé au Maroc par un certain Youssef Toubaie. L’enquête policière a révélé qu’Ahmed Sahnouni en était le cerveau et qu’il dirigeait depuis l’étranger. Il se chargeait depuis 2008 d’organiser le recrutement via Internet de combattants volontaires pour aller rejoindre les djihadistes en Afghanistan, en Somalie et en Irak.
Une note de recherche internationale a été lancée contre lui par les autorités marocaines. En foulant le sol français, il a été mis en examen le 5 mai 2010 et ce pour association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme durant 2007, 2008, 2009 et 2010 à Paris, au Maroc, en Iran et en Afghanistan. Lors de son arrestation, la police française a découvert dans la mémoire de son téléphone portable des vidéos le montrant sur la frontière entre l’Afghanistan et l’Iran en compagnie de plusieurs autres combattants armés de kalachnikov, ou encore prononçant un discours dont lequel il prête allégeance à Al-Qaïda et menace de mener des opérations de Jihad sur le sol européen. Il a même participé à des embuscades contre les forces de la coalition.
Condamné à 7 ans de réclusion criminelle par la justice française, il n’en a passé que 5 pour être expulsé, en septembre 2015, vers le Maroc.