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Condamné pour avoir tué son violeur

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Chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Vêtu d’une chemise grise, un pantalon marron et des sandales en cuir, Hamid se tient, ce jour du mois d’avril, devant les trois magistrats. À ses côtés se tient son avocat, constitué dans le cadre de l’assistance judiciaire. Parmi l’assistance se trouvait le père du mis en cause, un homme sexagénaire.
« Tu es accusé de coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner, qu’en dis-tu ? », demande le président de la Cour. Hamid a gardé le silence. Le président lui demande de répondre à la question. Quelques larmes coulent sur ses joues sans dire un mot. Quelle est l’histoire de ce jeune homme qui a visiblement peur ?
Né en 1972 dans un douar à Ouarzazate, Hamid a quitté tôt les bancs de l’école. Il n’a pas réussi à franchir le niveau de l’enseignement primaire. Non parce qu’il est un cancre mais pour des raisons matérielles. Pauvres, ses parents n’ont pas pu supporter les charges de sa scolarisation. En outre, l’école se trouve très loin de sa demeure.
A son quatorzième printemps, il accompagne son oncle paternel à Tanger. Installé dans la ville du détroit depuis belle lurette, ce dernier y travaille comme maçon. Hamid est resté en sa compagnie durant quatre mois avant de retourner à son douar.
En raison de son âge, on n’a pas accepté de l’embaucher dans un chantier de construction. Trois ans plus tard, il a rejoint son cousin dans la grande métropole économique. Il était à son dix-septième printemps. Recruté dans un chantier de construction, Hamid a commencé à apprendre le métier. Au fil des années, il a aiguisé ses connaissances en matière de construction. Qu’est-ce qui lui est alors arrivé pour basculer soudain dans le crime ? Sans domicile à Casablanca, il passait ses nuits dans les chantiers de construction. Pour économiser de l’argent, il refusait de louer une chambre et la partageait avec d’autres ouvriers.
Au bout de chaque deux mois, il envoyait une somme d’argent à ses parents. Embauché dans un nouveau chantier de construction, il a remarqué que le gardien était très gentil avec lui. Il venait souvent lui tenir compagnie. Issu de la région d’El Jadida, ce dernier est âgé de trente-sept ans et père de trois enfants. Les deux hommes, qui passaient la nuit au chantier, sont devenus très proches l’un de l’autre. Ils sont devenus de bons amis. Un soir, le gardien, portant une bouteille de vin rouge à la main, a rejoint Hamid dans sa petite baraque de fortune construite au cœur du chantier de construction.
Il a encouragé Hamid à boire quelques verres. Ce sont les premiers verres qui sont difficiles. Ensuite, c’est une question d’habitude. Hamid a commencé à se soûler de temps en temps avec le gardien du chantier. Et l’irréparable s’est produit quelques semaines plus tard. Comment ? Après avoir bu quelques verres de vin rouge, le gardien a commencé à ôter son pantalon. Surpris, Hamid lui a demandé de se revêtir. En vain. Le gardien a saisi un couteau et a obligé Hamid d’enlever le sien. « Ôte ton maillot », lui ordonne-t-il. Hamid l’a supplié de le laisser tranquille. Le gardien menace de le tuer. Hamid ne voulait pas obtempérer. Le gardien lui a donné un léger coup de couteau au niveau de la cuisse. Hamid a fini par se prosterner. Le gardien a commencé à le violer. Et tout d’un coup, ce dernier lui arrache le couteau et lui assène trois coups mortels. Sans penser à s’enfuir, Hamid est resté près du cadavre jusqu’à l’arrivée de la police.
Avouant son crime, Hamid, qui n’a pas bénéficié de circonstances atténuantes, a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle.

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