Tiré à quatre épingles, ce client rentre dans cette agence de location de voiture installée au quartier Belvédère, à Casablanca. Il avance vers une employée qui, sourire aux lèvres, l’invite à s’asseoir. Il lui indique la marque de la voiture qu’il veut louer pour trois jours. L’employée lui réclame les documents nécessaires. Il lui remet ensuite un chèque qu’elle range soigneusement dans le tiroir et demande au coursier de l’accompagner à sa voiture. Le client se met devant le volant, met la voiture en marche et prend le départ. Les trois jours s’écoulent et le client ne se manifeste pas avec la voiture. On attend le lendemain, puis le surlendemain. Bref, aucune trace. La solution ? Le responsable de l’agence se rend au commissariat de la police judiciaire de Hay Mohammedi-Aïn Sebaâ. Il dépose une plainte où il raconte son histoire. Le plaignant révèle aux enquêteurs quelques signalements du client qui ne peut être qu’un escroc et l’enquête policière démarre.
Les enquêteurs de la PJ découvrent qu’il ne s’agit pas de la première opération. D’autres opérations similaires ont été signalées chez d’autres agences dans les quatre coins de la capitale économique. Ces opérations sont-elles commises par la même personne ? Pas de réponse pour les limiers qui ne croient qu’au résultat de l’enquête. En fait, les témoignages recueillis n’ont mené à aucun résultat. Aussitôt, les fins limiers de la police judiciaire de Hay Mohammedi commencent à déchiffrer les fichiers des repris de justice qui ont déjà purgé des peines d’emprisonnement pour les mêmes motifs. Et on n’a pas tardé à découvrir le pot aux roses, le responsable d’une l’agence filoutée a demandé au policier de s’arrêter sur la photo d’identité d’un repris de justice. «C’est lui», une petite phrase qui met les enquêteurs sur une bonne piste qui a pu les conduire à démanteler une bande de trois jeunes hommes spécialisés dans le vol des voitures qu’ils louent avec de faux papiers auprès d’agences de location.
Les trois mis en cause qui ont été traduits devant la Cour d’appel de Casablanca pour constitution d’une association de malfaiteurs, vol qualifié, faux, usage de faux et escroquerie, ont avoué qu’ils revendaient les voitures contre des prix allant de trente à quarante mille dirhams.