Amine n’était qu’à son septième printemps. Et pourtant, il était obligé d’être face-à-face avec son père. Cela s’est passé devant le juge de la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Khouribga.
Dans une salle d’audience archicomble, le petit Amine se tenait debout sur une chaise tout près du nez du magistrat. «Dis-moi mon enfant, c’est ton père ?», lui a demandé le magistrat tout en lui indiquant l’homme qui se tenait au box des accusés. L’enfant a tourné son petit visage vers l’homme, la trentaine. Il s’est rapidement retourné vers le magistrat comme s’il fuyait les regards de son père. Il n’a pas pu le fixer droit dans les yeux. Le juge lui a posé une seconde fois la même question. Et l’enfant a hoché doucement sa tête en signe d’affirmation. Mais, il n’a pu prononcer le moindre mot. Il a préféré gardé le silence. Aussitôt, le juge a compris que l’enfant ne pouvait en aucun cas parler en présence de son père. Et il a ordonné aux éléments de la police de le garder dans la geôle du tribunal jusqu’à la fin de l’audition du témoignage de l’enfant Amine. Une fois conduit en dehors de la salle d’audience, Amine a eu un soupir de soulagement. Avec l’innocence et la naïveté d’un enfant, il a entamé le récit de son histoire. «Je faisais pipi au lit chaque nuit. Mon père me frappait. Il accrochait mes pieds aux barres de la fenêtre de la chambre», racontait Amine. Sa mère, une aliénée mentale et sa grand-mère se tenaient près de lui. En silence, les larmes coulaient de leurs yeux. En fait, sa mère ne présentait aucun symptôme lorsqu’elle s’était mariée avec Ahmed, le père d’Amine. Elle pensait que le mariage est une assurance pour la femme. Malheureusement, son mariage l’a anéantie. Elle n’est plus la jeune femme qu’elle était il y a quelques années. Actuellement, elle a perdu tout, même la raison. C’est d’ailleurs le motif pour lequel Ahmed l’a rejetée sans la répudier et a gardé l’enfant. Et au lieu de prendre soin de son unique enfant, il le maltraitait parce qu’il urinait au lit au point qu’il lui a fracturé le bras gauche. C’est le moment où la grand-mère est intervenue pour déposer plainte devant la justice. Le père a tout nié. Il a affirmé devant le tribunal qu’il ne s’agissait que d’un coup monté contre lui par sa femme et sa belle-mère. Le père a expliqué que la fracture était due à une chute dans les escaliers. Des déclarations qui n’ont pas convaincu la cour. Cette dernière a jugé le père coupable et l’a condamné à deux ans de prison ferme avec la privation de la responsabilité parentale durant dix ans.