Repris de justice, ce jeune homme nie avoir escroqué ses victimes en leur promettant de les aider à avoir de contrats de travail en Europe.
De coutume, les escrocs sont de beaux parleurs. L’exemple en est ce jeune homme qui comparaît, en état d’arrestation, devant le juge de la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance à Casablanca. Tiré à quatre épingles, le mis en cause, âgé de trente-huit ans, célibataire, se tient au box des accusés. Il veut se défendre tout seul, sans être soutenu par un avocat. Dès l’ouverture de son dossier, il n’hésite pas à se disculper. Il ne nie pas avoir fait la connaissance des plaignants, mais il assure qu’il voulait vraiment leur rendre service et gracieusement.
«J’aime faire du bien et rendre service aux autres», explique-t-il au magistrat.
A ce propos, le juge lui demande ce qu’il faisait dans sa vie et par quel moyen il subvenait à ses besoins. Il s’adonnait au commerce, a-t-il répondu tout en précisant qu’il ne disposait pas d’un local à usage commercial, mais qu’il se contentait de communiquer par téléphone avec ses fournisseurs et ses clients. Toutefois, lorsque le juge lui demande de lui préciser la nature de son commerce, il lui répond : «Tout… J’achetais et vendais tout ce qui devait être acheté et vendu».
Et le juge le surprend par son interrogation : «Même les mensonges ? ». Le mis en cause garde le silence pour quelques minutes avant de s’adresser au magistrat et dire : «Ce sont ces personnes qui prétendent être des victimes qui disent des mensonges». Le président lui demande sur un ton menaçant de ne pas s’en prendre aux victimes. Ces dernières qui se sont succédé devant le tribunal ont affirmé avoir été arnaquées par cet homme qui leur a promis monts et merveilles, notamment en les aidant à dépasser la Méditerranée. Il leur a expliqué qu’il avait la possibilité d’avoir des contrats de travail en Europe.
Une offre alléchante qui a mis facilement ses victimes dans son panier. Chacune d’elles lui a remis une somme allant jusqu’à trois mille dirhams, selon leurs déclarations devant le tribunal. Quant au mis en cause, il a rejeté avoir reçu le moindre sou de ces victimes tout en avançant qu’il dispose d’une importante somme d’argent dans son compte bancaire qu’il avait héritée de son père. Ce qui l’empêche de mettre sa main dans les poches des autres, ajoute-t-il, tout en assurant que les victimes se sont trompées de personne !
En lui rappelant, par le tribunal, qu’il a déjà purgé une peine d’un an de prison ferme pour le même motif, il a répondu qu’il a été jugé à tort coupable des actes qu’il n’a jamais commis.
Prenant la parole, le substitut du procureur du Roi a requis la peine maximale. Toutefois, le tribunal l’a condamné à deux ans de prison ferme assortie d’une amende de deux mille dirhams.