Dix ans de prison pour avoir brûlé son enfant

«Réda. B, 14 ans, a été hospitalisé en réanimation pédiatrique du 25 au 29 décembre 2009, à l’âge de 13 ans, pour brûlure par flammes», lit-on dans un compte rendu d’hospitalisation rédigé, le 3 septembre 2010, par le chef de service d’anesthésie-réanimation pédiatrique polyvalente à l’hôpital d’enfants, Ibn Sina, à Rabat. Le chef de service a précisé «qu’il s’agit d’une brûlure superficielle de deuxième degré intéressant le visage avec œdème palpébral gauche empêchant l’ouverture de l’œil, le cou de façon circulaire, la moitié supérieure de la face antérieure du thorax, les deux mains et les deux tiers des avant-bras. La surface cutanée brûlée est estimée à 31%». En fait, Réda souffrait à tel point qu’il n’arrivait plus à dormir. C’est son père, Lhusseïne, qui l’a conduit à l’hôpital, vers 14h00 du 24 décembre 2009, expliquant au médecin-chef que Réda a été brûlé suite à l’explosion d’une bonbonne de gaz. D’ailleurs, depuis qu’il a répudié son épouse, c’est lui qui se charge de son enfant. Certes, sa mère ne l’a pas abandonné, mais elle ne pouvait pas, matériellement, s’occuper  de lui. Et pourtant, elle le voyait de temps en temps, à l’insu de son père Lhusseïne qui leur interdisait de se voir ! Cependant, l’enfant, Réda, ne cédait pas aux interdictions de son père, il prenait des fois des initiatives personnelles pour rendre visite à sa mère. Mais, il ne pouvait plus le faire depuis le jour de son hospitalisation, suite à son soi-disant accident. Réda était dans le gouffre de la souffrance. Il a bénéficié, durant les premiers jours de son hospitalisation, de plusieurs soins, un changement de pansement, entre autres. Mais, trois semaines plus tard, il a subi une greffe de peau mince en filet au niveau du cou, de la main droite et  la moitié supérieure du thorax. Neuf mois plus tard, il se trouve qu’il «présente un retard de cicatrisation au niveau des deux membres inférieurs. Et de ce fait il a besoin d’une greffe de peau avec culture cellulaire, ou à défaut, une greffe avec Intégra, ce qui n’est pas disponible dans nos hôpitaux», selon le résumé d’observation élaboré par son médecin. L’association «Touche pas à mes enfants» est intervenue pour porter assistance à cet enfant et à empêcher que ses membres ne soient amputés. Entre-temps, Réda a révélé à la présidente de l’association, Najia Adib, la vraie version de l’accident. Il lui a expliqué qu’il ne s’était pas brûlé suite à l’explosion d’une bonbonne de gaz. «Pour m’interdire de rendre visite à ma mère, mon père a aspergé mon corps d’un produit inflammable et a déclenché un briquet, ensuite, il m’a menacé de me tuer si jamais je révèle la réalité à quiconque», lui a-t-il précisé. Sur initiative de l’association, la police est intervenue. Le père est arrêté, conduit devant la justice et condamné, lundi 23 avril, par la Chambre criminelle près la Cour d’appel de Salé à 10 ans de réclusion criminelle. Concernant l’enfant, Réda, il est actuellement hospitalisé aux USA, pris en charge par des bénévoles sollicités par l’association «Touche pas à mes enfants».