Chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Portant chacun une tenue de sport, Abdellah et Kamal se tenaient devant les trois magistrats. Fixant de leurs yeux inquiets le sol, ils attendaient qu’ils soient interrogés par le président de la Cour. Ce dernier feuilletait les documents du dossier, avant d’appeler ensuite Maria. Une jeune fille de dix-huit ans voilée, qui était assise parmi l’assistance, s’est présentée devant les juges. Le président de la Cour lui a demandé d’attendre dehors.
«Kamal et Abdellah, vous êtes accusés de viol, menace à l’arme blanche, coups et blessures et consommation de drogue, qu’en dites-vous ?», a demandé le président de la Cour sur un ton à la fois clair et ferme. Ni Kamal ni Abdellah ne semblent avoir l’intention de répondre. Ils ont tous les deux gardé le silence. A peine avoir terminé la lecture du contenu du procès-verbal, le président de la Cour a posé la même question à Abdellah. «Je ne me souviens de rien monsieur le président», a-t-il répondu succinctement. A son vingt-deuxième printemps, Abdellah a un casier judiciaire suffisamment chargé. Ce jeune toxicomane, qui a quitté l’école à l’étape primaire, a purgé trois peines d’emprisonnement. Encore mineur, il a été condamné pour la première fois à trois mois de prison ferme. Il a été placé dans la Maison de redressement des mineurs. Toutefois, il est devenu un professionnel de la criminalité. Âgé de 18 ans, il a été arrêté pour vol à l’arraché et a écopé d’une peine d’emprisonnement de huit mois ferme. Une fois relâché, il récidive.
Le jeune homme a été arrêté une troisième fois pour vol qualifié, violence et consommation de la drogue. Des crimes qui lui ont valu deux ans de prison ferme. Quand il est libéré, il a fait la connaissance de Kamal. Âgé de vingt-cinq ans, ce dernier a par contre un casier judiciaire vierge.
Tournant résolument le dos à l’école, il plonge dans le monde de la délinquance. Au fil des jours, il est devenu un accro de la drogue. Il s’est adonné également aux comprimés psychotropes. Par la suite, il est devenu un grand dealer.
Le jour du crime. Abdellah et Kamal se droguaient. Ils ont fumé quelques joints, puis ils ont avalé, chacun, une dizaine de comprimés psychotropes. Après quoi, ils se sont rendus au cinéma pour voir un film. Là, ils ont continué à fumer les joints. Une ouvreuse leur a demandé de cesser de fumer. Mais en vain. Les portiers sont intervenus et les ont mis dehors. Sur leur chemin, au centre-ville, ils ont croisé une jeune fille qui marchait toute seule. Ils l’ont suivie. La jeune fille a tenté de les dépasser. Mais, ils l’ont rejointe. Ils lui ont demandé de les accompagner. Elle a tenté de crier. A ce moment, ils ont brandi leurs armes blanches. La jeune fille apris peur et agi selon leurs demandes. Ils l’ont conduite vers une ruelle pour la violer à tour de rôle. Après quoi, ils l’ont abandonnée. Un moment plus tard, des policiers faisant leur ronde habituelle ont aperçu la jeune fille étendue sur le sol et en train de gémir. Elle leur a raconté ce qui lui est arrivé. Aussitôt, les policiers se sont lancés derrière les deux jeunes hommes. Une demi-heure plus tard, ils les ont appréhendés.
«J’étais sous l’effet de la drogue, je ne me souviens de rien monsieur le président », a affirmé également Kamal. Le président de la Cour appelle la victime. Celle-ci relate toute l’histoire. Toujours sous le choc, elle a expliqué à la Cour qu’elle venait de sortir de son emploi, la nuit, et qu’elle se dirigeait vers la station des grands taxis. Sur son chemin, les deux inculpés lui ont barré le chemin et l’ont violée sans pitié. Un acte criminel qui leur a coûté cinq ans de réclusion criminelle.