Faits-Divers

Du vol de chaussures au vol de voitures

© D.R

Nous sommes dans la région d’Ounagha, province d’Essaouira.
Comme à l’accoutumée, des gendarmes effectuent leur ronde de routine. Outre leur flair d’enquêteurs, qui les trompe rarement lorsqu’il s’agit d’élucider une affaire, le hasard joue parfois en leur faveur et leur permet d’attraper du «gros gibier». C’est ce qui leur est arrivé, dernièrement, quand ils ont donné l’ordre au chauffeur d’une Peugeot 306 de s’arrêter.
«Tes papiers», demande l’un des gendarmes au conducteur du véhicule.
Le chauffeur qui était en compagnie d’un autre homme, présente son permis de conduire, la carte grise de la Peugeot et son certificat assurance.
«Ouvre le coffre», lui demande le gendarme.
Le chauffeur ouvre donc sa portière et descend de la voiture. Mais au moment de s’approcher du coffre, il s’enfuit en courant, tentant de traverser la route et de se perdre dans la nature environnante.
Peine perdue, il sera vite rattrapé par l’un des gendarmes, au terme d’une courte poursuite. Pendant ce temps, l’homme qui se trouvait à ses côtés dans la voiture n’a pas bougé, comprenant sans doute qu’il n’y avait pas intérêt, à moins qu’il n’ait rien eu à se reprocher.
Conduit au poste de gendarmerie, l’homme révèle rapidement son identité. Il se nomme Mohamed, il est âgé de trente-quatre ans, célibataire et sans profession. Et puis il avoue : «La Peugeot ne m’appartient pas»…
Mohamed est un repris de justice. En 1991, il était âgé de 19 ans, il a été arrêté pour avoir volé une paire de chaussures dans une mosquée. Cela lui avait valu un mois de prison ferme. Il se tiendra ensuite tranquille jusqu’en 2000, où il est condamné à deux ans de prison ferme pour vol simple avec récidive. C’est en prison, au contact des autres détenus, qu’il deviendra un professionnel du petit banditisme.
A sa libération, il décide de changer d’envergure et de passer au vol de voitures : «C’est un business qui rapporte gros», lui avait expliqué l’un de ses compagnons de détention…
Pour commencer son parcours dans le monde des voitures volées, il se rend à Oujda, connue pour tous les trafics à cause de sa frontière avec l’Algérie. Une fois sur place, il achète des comprimés psychotropes, qu’il range soigneusement dans sa poche. Après quoi, il se rend au marché spécialisé dans la vente de voitures d’occasion. Au hasard, il engage la conversation avec un automobiliste, nommé Zakaria, qui cherche à vendre une Mercedes 190. Au terme de leur discussion, les deux hommes finissent par tomber d’accord sur un montant de 50 000 Dh comme prix de vente de la voiture. Mohamed propose alors à Zakaria de se rendre à un café, à bord de la voiture, pour prendre un rafraîchissement et sceller ainsi leur accord.
En chemin, Mohamed demande à l’autre de s’arrêter à une épicerie pour acheter deux cartons de jus d’orange. Il en profite, une fois son emplette faite, pour introduire trois comprimés psychotropes à l’intérieur d’un des cartons. Rejoignant sa victime dans la voiture, il lui offre le jus drogué et n’a plus qu’à attendre que l’autre s’effondre sur son siège, anesthésié.
Mohamed prend alors sa place au volant de la voiture et conduit jusqu’à un lieu désert avant d’y déposer Zakaria, toujours endormi. Il prend alors la route vers Marrakech, où il n’a aucun mal à vendre la Mercedes à un certain Oujdi pour la somme de 12 mille dirhams. Après quoi, il retourne à Oujda et recommence l’opération. Puis, il se rend à Khouribga à deux reprises pour s’offrir deux autres Mercedes. Puis c’est au tour de Beni Mellal de recevoir sa visite, qui se soldera par le vol de quatre véhicules : une Mercedes 250, une Mercedes 300, une Renault 25 et une Peugeot 206. Puis de nouveau Marrakech, d’où il revient au volant d’une Mercedes 250, puis Casablanca, en ensuite Fès et enfin Safi. Il opère systématiquement de la même façon : endormir la confiance du vendeur avant de lui faire boire du jus de fruits préalablement drogué. Quant aux véhicules volés, il les cède à des receleurs doublés de trafiquants de drogue. C’est tout cela que Mohamed finira par avouer aux gendarmes sur qui il avait eu le malheur de tomber ce jour-là. Mohamed dort aujourd’hui en prison, en attendant d’être rejoint par les deux receleurs qui sont activement recherchés.

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