Saïd rêvait d’une seule chose : émigrer en Europe. Par n’importe quel moyen, il cherchait à quitter le Maroc. Un ami lui a alors proposé d’aller en Tunisie pour trouver des passeurs qui lui faciliteraient le voyage vers l’Italie. Après avoir fait quelques économies, Saïd a pris ses valises à destination de la Tunisie. Il s’est lié d’amitié avec plusieurs ressortissants marocains en Tunisie et avec des Tunisiens. Seulement, personne n’a pu l’aider à réaliser son rêve. Il a entendu parler de faussaires et de rabatteurs, mais il n’a pu rencontrer aucun d’eux. Alors, il a décidé de mener une vie normale à Tunis, en attendant le jour d’arriver à son objectif. Toutefois, son séjour a duré plus d’une année. Et comme si son espoir de quitter la Tunisie commençait à céder la place au désespoir, Saïd s’est rendu compte qu’il devait trouver une activité pour gagner sa vie. Il a été embauché dans une usine de textile. Cet emploi lui a permis de s’intégrer. Il est retourné au Maroc pour se marier, puis il a regagné la Tunisie. Entre-temps, il a rencontré un Marocain qui lui a confié être un passeur de clandestins. Depuis, il s’est engagé à travailler pour son compte en lui cherchant des candidats à l’émigration clandestine. Et ce, contre une somme d’argent allant de vingt à cinquante mille dirhams. Saïd, qui retournait au Maroc de temps en temps pour rendre visite à sa famille, en profitait pour trouver des candidats. Il a dressé toute une liste de dix jeunes hommes. Saïd est retourné en Tunisie et en a informé le passeur qui lui a remis sa commission. Les dix rêveurs de l’eldorado devaient attendre le retour de Saïd pour les emmener à Tunis et ensuite en Italie. Trois mois plus tard, Saïd est arrivé à Casablanca, a rencontré les dix candidats et leur a demandé de trouver dix autres personnes qui voudraient également faire ce voyage de fortune. L’un des candidats commençait à douter de la crédibilité de ce voyage dont la date était à chaque fois reportée. Il a alors alerté la police. Arrêté, Saïd a avoué avoir été recruté par un Marocain établi en Tunisie pour chercher des candidats à l’émigration clandestine et qu’il s’est engagé à accomplir sa tâche contre une commission lui permettant d’améliorer sa vie et épargner une somme d’argent avant son retour définitif à son pays natal où il comptait lancer son petit projet. Plus de rêve, Saïd a été condamné à deux ans de prison ferme.