Adultère
Annoncée portée disparue durant huit jours, une jeune mère de famille a été retrouvée en pleurs dans une forêt. Elle aurait été séquestrée et violée. Mais l’enquête a révélé une tout autre réalité. Derrière ce scénario se cachait une double vie et une mise en scène.
Nous sommes dans la commune rurale Mers El Kheir relevant de la préfecture de Skhirate-Témara. La mauvaise nouvelle tombe, lundi 11 août, comme un couperet. Une jeune femme de vingt-huit ans, mariée, mère de trois enfants, âgés respectivement de dix, six et deux ans, est sortie de chez elle sans plus donner signe de vie. Personne n’a la moindre information sur elle. Une journée passe puis deux et trois. Toujours pas de nouvelle. Son mari frappe à toutes les portes. En vain. Il finit par déposer une plainte auprès du parquet, qui renvoie l’affaire à la gendarmerie royale. Et les recherches commencent. Mais toujours rien de nouveau. La rumeur se propage dans le quartier comme du feu. Son mari, blême, la gorge serrée, redoute le pire. Sa famille, déchirée entre douleur et colère, ne sait à quel saint se vouer. Au bout de six jours, un message WhatsApp envoyé à sa sœur résidant à Mzouda, dans la province de Chichaoua, l’informe que la disparue a été victime d’un accident de la route et qu’elle se trouvait chez l’expéditeur du message. Par la suite, huit jours après la disparition de la femme, mardi 19 août, cette même sœur reçoit un autre message sur WhatsApp lui annonçant que la femme se trouve dans la forêt. Alertés, les gendarmes se dépêchent sur les lieux. Ils y trouvent effectivement la femme, en pleurs et incapable de parler. Elle est transférée d’abord à l’hôpital Lalla Aïch, puis à l’hôpital Souissi, et enfin à l’hôpital psychiatrique Arrazi. En retournant chez elle, elle garde le silence. Sur des vidéos YouTube enregistrées par des sites d’information on entend son témoignage.
«Je suis allée à l’hôpital Souissi à Rabat pour faire des analyses du foie, mais le gardien m’a demandé de porter un masque. Comme je n’en avais pas, j’ai essayé d’aller en acheter un. À peine ai-je tenté de me rendre de l’autre côté de la rue que j’ai senti des gens me suivre. Deux hommes se sont jetés sur moi, m’ont tirée par les cheveux et entraînée de force jusqu’à une voiture Peugeot. À l’intérieur, il y avait une femme entièrement voilée. Elle a posé un couteau sur mon flanc gauche en me menaçant», a-t-elle raconté. Elle a ajouté qu’avant de la conduire vers une maison, ses ravisseurs lui ont administré une drogue pour qu’elle perde connaissance. Et de raconter une version chargée d’horreur : tortures, humiliations et viols collectifs et répétés durant huit jours. On lui a notamment rasé les cheveux et privée d’eau, la laissant presque morte. Elle a décrit en détail les traits de ses ravisseurs. Quant à la femme, elle est restée voilée tout le temps… Ses ravisseurs n’ont réclamé ni rançon, ni rien d’autre.
Le récit de la femme a évidemment mis la puce à l’oreille des enquêteurs. Ils ont saisi son téléphone portable. Effectivement, le traçage de son déplacement pour la journée du lundi 11 août leur a montré que la femme n’a jamais été kidnappée ni agressée. Elle a juste inventé cette histoire de toute pièce pour brouiller les pistes et détourner les soupçons de son mari. Elle a été arrêtée jeudi dernier 4 septembre et placée en garde à vue.
Ayant quitté son foyer, elle s’est dirigée vers la gare routière Al Kamra, à Rabat. Une voiture l’attendait. Elle y est montée à bord. En effet, elle a accompagné un jeune homme rencontré sur les réseaux sociaux à Had Soualem, avec lequel elle a passé sept jours. Après quoi, elle a pris l’autocar à destination de la région de Skhour Rehamna qui relève de la province de Rehamna et se situe à une centaine de kilomètres au nord de Marrakech où elle a passé une seule journée avec un autre jeune homme rencontré également sur les réseaux sociaux. Et enfin, elle est retournée à Témara pour inventer cette histoire.














