Mutilation
Derrière les murs d’une maison du douar El Hajja, à Rabat, une liaison secrète qui a duré des années entre une marchande ambulante, quadragénaire, et un vieil homme, centenaire, a fini dans le sang.
C’était lundi 17 juin 2024 coïncidant avec l’Aïd Al-Adha. Dans le quartier populaire du douar El Hajja qui relève de l’arrondissement El Youssoufia, un point noir à Rabat, tout le monde était occupé à abattre les moutons, à griller et manger de la viande tout en sirotant du thé. Mais derrière la porte close d’une petite maison de ce quartier, un crime ignoble se préparait.
Derrière cette porte, demeurait un vieil homme de cent-quatre ans, ayant des enfants et petits-fils. Mais dès son divorce, il a choisi de vivre ses dernières années dans une lente agonie de veille et de silence. Solitaire derrière les murs de sa maison, il a engagé, enfin, une femme pour l’aider. Elle venait quotidiennement lui préparer ses repas, faire son lit, et parfois, disait-on, lui tenir compagnie. Depuis, sa présence est devenue nécessaire pour lui, un souffle de vie qui a rendu ce domicile plus vivant. Mais certains voisins commençaient à avoir des doutes sur la nature de cette relation, affirmant que la femme restait trop longtemps chez lui, plus de temps que ne devrait passer une simple domestique.
Jeudi 20 juin 2024, le troisième jour de la fête du sacrifice, une odeur nauséabonde a bouché les nez des voisins. Les voisins étaient certains qu’elle provenait du domicile du vieil homme. Et la femme qui passait la majorité de son temps en sa compagnie, où est-elle ? Enfin, ces derniers ont alerté la police qui s’est dépêchée sur les lieux. Les limiers ont forcé la porte de la maison pour l’ouvrir et ont découvert la scène macabre: le cadavre du centenaire était en décomposition avancée et son appareil génital était coupé et placé sur une table. Les éléments de la scène du crime ont entamé les recherches des indices et leurs collègues de la brigade scientifique et technique vérifiaient le cadavre avant qu’il soit évacué vers la morgue où il devait être soumis à une autopsie médicale. Tous les voisins ont révélé aux enquêteurs qu’une seule personne lui rendait visite et qui passait des journées et des nuits en sa compagnie.
Les investigations ont été entamées et se sont poursuivies durant neuf jours avant que la femme, âgée de quarante-cinq ans, ne soit arrêtée lundi 26 juin 2024. Rapidement, elle a craché le morceau en révélant qu’elle entretenait avec le vieil homme une liaison secrète. Elle passait en sa compagnie des moments sur le même lit tout en bénéficiant de sa générosité. Mais, ce 17 juin 2024, a-t-elle précisé lors de son interrogatoire par les enquêteurs de la police judiciaire, son vieil amant avait tenté de la sodomiser par la force. Hors d’elle, elle a saisi un bâton et lui a asséné un coup à la tête. Il s’est effondré, inconscient. Une action qui n’a pas apaisé sa colère et a décidé de le mutiler. Puis elle s’est habillée et a disparu. Mercredi 28 juin 2024, elle a été traduite devant le parquet général.
Quinze mois plus tard, lundi 6 octobre 2025, elle a comparu en état d’arrestation devant les trois magistrats de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Rabat poursuivie pour homicide volontaire avec guet-apens et préméditation et mutilation de cadavre. Après l’examen de son affaire et les délibérations, la Cour l’a jugée coupable et condamnée à trente ans de réclusion criminelle.












