Personne ne croit que cette femme, Latifa, âgée de cinquante-six ans, qui se tient, lors de ce jour ramadanesque, devant la chambre criminelle près la Cour d’appel de Tanger, est celle qui a commis un meurtre odieux chez elle dans la région de Méchlaoua, à Tétouan.
Son calme et ses regards ne reflètent pas le degré d’atrocité de son crime. Poursuivie pour homicide volontaire doublé de tentative de recel de cadavre, elle n’hésite pas à avouer clairement son crime devant les trois juges. «Oui, M. le président, j’ai tué Aïcha et j’ai découpé son cadavre», balbutie-t-elle.
Âgée de quarante-deux ans, Aïcha était une femme sans histoire. Collègue de Latifa dans une usine de fabrication de plastique qui menait sa vie tranquillement. En fait, elle n’a jamais pensé laisser sa peau pour un sentiment de jalousie ayant dégénéré en rancune.
Sérieuse et ponctuelle, Aïcha travaillait avec abnégation sans se rendre compte de rien. Elle ne remarquait même pas que sa sincérité nourrissait la rancœur au fond du cœur de sa collègue Latifa au point qu’elle a cru qu’elle serait abandonnée par son employeur qui n’était plus satisfait de son travail.
«Mais, je n’ai jamais pensé me venger d’elle», explique Latifa qui n’arrive pas à regarder en face les trois magistrats.
Malheureusement, sa rancune se nourrissait au fil des jours au point qu’elle a décidé de se venger. Une vengeance qui dépasse l’imagination. Il était 9h30 de ce matin du vendredi 3 avril 2015. Aïcha qui ne demeurait pas loin de Latifa, venait de sortir de chez elle. Latifa se tenait derrière la porte de sa demeure tout en guettant le passage de sa collègue Aïcha. En la remarquant, elle a fait semblant qu’elle cherchait quelqu’un pour l’aider à porter un four. Aïcha, l’a accompagnée à l’intérieur de la maison pour l’aider. Une fois dépassé le seuil pour arriver au hall, Aïcha fut surprise par un coup de bâton au niveau de la tête.
«Avec toutes mes forces, je lui ai asséné un premier coup à la tête. Elle a aussitôt perdu connaissance. Et j’ai continué à la frapper à la tête jusqu’à ce qu’elle ait rendu l’âme», avoue Latifa.
Aussitôt, elle s’est rendue à son travail pour demander un congé que lui a accordé son employeur. Elle est retournée ensuite chez elle avec de grands sacs en plastique à la main. Après quoi, elle a découpé le corps en morceaux. Elle a jeté la tête et le tronc dans un cours d’eau situé sous le pont ferroviaire de la région de Méchlaoua, au niveau de la route allant à Tétouan. Un pied et une main ont été enterrés dans une fosse, alors que le reste du cadavre a été éparpillé tout au long de la route allant à Tétouan. Verdict : La perpétuité.