Nous sommes à la région de Lamzoudia, dans la province de Chichaoua, à quatre-vingt kilomètres de la ville ocre. Une région tranquille avec ses habitants sans problème, qui ne cherchent à satisfaire que le minimum vital de leurs besoins. Mohamed et Fatiha ont vu le jour dans cette région, il y a plus d’une quarantaine d’années. Leurs parents ont décidé de les marier. Ils n’avaient pas le droit de s’aimer, ni le droit de s’abstenir aux choix de leurs parents. Ils ne pouvaient qu’obtempérer. Bref, ils ont convolé en justes noces. Et depuis, une nouvelle vie a commencé.
Mohamed sortait de chez lui le matin pour gagner sa vie et ne retournait que le soir pour trouver sa femme qui lui préparait le dîner. En un clin d’œil, cinq ans de mariage sont passés, puis dix, puis vingt… Le couple s’est retrouvé avec deux garçons.
Leurs deux enfants avaient remarqué, dernièrement, que leurs parents se disputaient souvent. Pourquoi ? Ils ignoraient la raison. En plus, ils ne pouvaient pas leur demander des explications. Ils faisaient semblant de n’avoir rien remarqué. Pourquoi leurs parents se disputaient-ils souvent ?
Les mauvaises langues disaient que Mohamed ne voulait plus de sa femme, qu’il ne partageait plus le même lit avec elle et qu’il lui tournait le dos à chaque fois qu’il se glissait sous la couverture. S’agissait-il uniquement d’une rumeur ? Peut-être. Et si c’était la vérité. De coutume, ces histoires restent renfermées à l’intérieur des quatre murs d’une chambre.
C’était Fatiha, épouse de Mohamed, qui a raconté son histoire à une voisine. Elle avait juste l’intention de lui dévoiler son problème pour qu’elle l’aide à le résoudre. Elle lui a affirmé que son mari, Mohamed, qui partageait souvent le lit avec elle, lui tourne le dos chaque jour. Il ne couche plus avec elle. Pire encore, il a abandonné la chambre à coucher pour aller dormir seul dans une autre chambre. Son mari lui a exprimé clairement qu’il ne la désirait plus. Depuis, elle souffrait pendant la nuit. Elle se sentait si seule. Et le mari ne s’intéressait pas à ses désirs. Il faisait semblant de ne rien entendre.
Chaque nuit, il plongeait dans un profond sommeil. Pourquoi a- t-il changé? Est-il devenu impuissant ? Non. Les femmes du douar étaient au courant de leur secret. Qui le leur a dévoilé? Leurs maris ? Peut-être. Mais quel est ce secret ? Il la trompait. Son mari entretenait depuis longtemps une relation avec une autre femme. Il couchait avec elle.
Presque tous les habitants du douar étaient au courant, sauf Fatiha et ses deux enfants. Elle a su par la suite qui était la femme avec qui il la trompait. Elle ignorait les raisons pour lesquelles, il lui a tourné le dos. Elle lui a demandé des explications. Aucune réponse. Elle est restée seule à souffrir. Une souffrance qui a cédé la place à la rancune et au sentiment de vengeance. Comment ? Fatiha a tout préparé pour passer à l’acte. Une nuit, quand Mohamed s’est plongé, comme à l’accoutumée, dans un profond sommeil, Fatiha a quitté son lit.
À pas de loup, elle est entrée dans la chambre où son mari dormait. Armée d’un couteau, elle s’est plantée devant lui.
Poussant un soupir, non pas de soulagement, elle lui a asséné un coup au niveau de sa poitrine, puis un deuxième. Une fois rassurée qu’il était mort, elle lui a mutilé son sexe.