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En prison pour de faux accidents

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Quand Bouchaïb n’a plus donné signe de vie, en février 2006, ses collègues, amis et camarades de l’arrondissement des Roches-Noires, à Casablanca, l’ont cherché partout. Ils ont fini par apprendre qu’il a émigré clandestinement en Italie. Pourquoi ce départ-exil sans préavis et sans faire même ses adieux à ses amis ? Dire que la veille de son départ, il se trouvait à son bureau de l’arrondissement, mais qu’il n’a rien dit… Toutefois, ne séjournera en Italie que sept mois avant d’être arrêté par les autorités italiennes qui ont décidé, en octobre dernier, de le refouler vers son pays natal.
Lorsqu’il est arrivé à l’aéroport international Mohammed V, la police des frontières l’a donc arrêté et remis aux services de la police judiciaire de Casablanca dont on apprend qu’elle avait lancé un avis de recherche contre lui lors de sa disparition au mois de février dernier. Pourquoi donc était-il recherché par la police nationale ? Cela l’aurait-il poussé à abandonner son poste et à s’enfuir en Italie ?
Bouchaïb a vu le jour en 1970, au sein d’une famille nécessiteuse, dans une baraque du bidonville de Sidi Othmane, la pauvreté de sa famille n’a pourtant pas empêché ses parents de l’inscrire à l’école publique. Bouchaïb a donc poursuivi ses études jusqu’au baccalauréat, mais sans l’obtenir. Puis la mort de son père l’a contraint à travailler pour subvenir aux besoins de sa nombreuse famille.
Après le recasement du bidonville, la famille de Bouchaïb a déménagé au quartier Attacharouk. Quelque temps plus tard, Bouchaïb décide d’émigrer. Il se rend en Tunisie. Il s’y installe quelques mois mais finit par retourner chez lui. Il n’a pas pu trouver de travail et encore moins traverser la Méditerranée. Heureusement, son retour au Maroc débouche sur un événement positif dans sa vie. Bouchaïb participe à un concours de recrutement d’huissiers, il réussit et finit par être recruté. Suivent quelques années de fonctionnariat, dans le confort relatif d’un statut dont il ne sait malheureusement pas se contenter.
Bouchaïb s’imagine en effet que tous les moyens sont bons pour s’enrichir. Au point d’intervenir dans une combine qui lui vaudra finalement d’être recherché par la police nationale.
Bouchaïb, son frère Abderrahim toujours en fuite et d’autres complices, dont quatre sont en détention depuis février dernier, simulaient des accidents de la circulation. À bord d’une motocyclette Peugeot 103, propriété de l’arrondissement des Roches-Noires, chacun d’eux choisissait à travers la ville de Casablanca les panneaux de Stop pour guetter un automobiliste s’apprêtant à démarrer. C’est alors qu’une fois après avoir marqué le stop, le conducteur du vélomoteur (Bouchaïb, son frère ou les autres complices) se laissait tomber devant la voiture, simulant une collision. A l’arrivée de la police, le constat d’usage est dressé. Après quoi, il ne reste plus qu’à conclure un arrangement à l’amiable entre la compagnie d’assurances et la fausse victime et le tour est joué. C’est ainsi pas moins de soixante faux accidents de la circulation qui ont été simulés et ont causé plusieurs millions de centimes de pertes pour l’assurance.
Mais le crime ne paie pas. La compagnie d’assurances a fini par remarquer que les noms de quelques victimes se répétaient dans plusieurs dossiers. L’affaire a donc été confiée à la police qui a tiré l’affaire au clair. Pourtant, des zones d’ombre demeurent. Par exemple, les certificats médicaux fournis par les suspects et figurant dans les dossiers portent le nom du même médecin. De plus, les suspects, dont Bouchaïb, persistent à nier leur implication dans l’affaire. Mais devant l’accumulation des preuves, il n’y a pas de doute qu’ils finiront par avouer…

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