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Fausses promesses, vrai escroc

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Chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca. Tête baissée, Abdelah se tenait devant les magistrats. Il ne tournait ni à gauche ni à droite. Il semble qu’il évitait de croiser les regards de ses victimes, appelées à la barre par le président de tribunal.
L’une de ses victimes s’appelle Latifa. «Il m’a expliqué qu’il est policier exerçant à l’aéroport Mohammed V à Casablanca et qu’il entretient des relations étroites avec une personne haut placée qui va m’aider à immigrer vers l’Espagne», raconte cette jeune employée dans une société de confection.
Elle lui a versé un acompte de dix mille dirhams en attendant qu’il tienne sa promesse pour qu’elle lui donne le reste de la somme globale, à savoir trente mille dirhams.
« Je ne suis pas un escroc, M. le président, parce que j’ai rencontré vraiment une personne dans un café qui m’a expliqué avoir la possibilité d’aider les gens d’aller en Espagne et en France », a lâché Abdellah qui semble avoir l’intention de se présenter devant le tribunal comme victime. Victime d’une tierce personne qu’il connaisse sous le prénom de Mohamed sans nom de famille ni autre détail.
Après avoir échoué en baccalauréat, ce jeune de trente-six ans, a été recruté en tant qu’agent de sécurité dans une société de gardiennage. Seulement, il n’a pas pu continuer à travailler douze heures contre un salaire de misère. Il décide alors de démissionner et de chercher un autre emploi lui permettant d’avoir un salaire digne. Un jour, il a croisé un jeune repris de justice dans un café de la ville. Ils ont convenu de travailler ensemble. Son travail consistait à faire tomber dans son filet des victimes qui rêvent d’émigrer vers l’Europe. Bref, il était rabatteur. Il empochait une somme allant de cinq cents à mille dirhams pour chaque candidat.
De coutume, un rabatteur se transforme en fil du temps en escroc qui travaille à son propre compte. Idem pour Abdellah qui s’est lancé dans une nouvelle aventure. Il promettait monts et merveilles aux rêveurs de l’Eldorado pour des sommes allant de dix à trente mille dirhams.
Il a recruté, lui-même, des rabatteurs auxquels il versait des petites sommes. Deux parmi eux l’ont dénoncé après avoir été arrêtés. Depuis, il faisait l’objet de notes de recherche. 
« Je n’étais jamais rabatteur ni escroc, M. le président », a-t-il répondu à chaque question que lui posait le président de tribunal.
Certes, sa fiche anthropométrique était vierge. Mais, ses victimes le mettaient en cause. « C’est lui qui a pris mon argent M. le président…je l’ai emprunté de chez ma sœur », a précisé Khouloud au tribunal. Cette dernière a recouru à la justice quand elle s’est aperçu qu’elle était victime d’un escroc.
«Je ne travaillais que pour Mohamed », a expliqué Abdellah.
Qui est Mohamed ? Existe-t-il ? Ou s’agit-il d’une personne fictive qu’Abdellah a inventé pour qu’il bénéficie des circonstances atténuantes ?
Difficile de le croire, surtout qu’il n’a donné aucun autre signalement de ce Mohamed, ni son adresse ni le lieu qu’il fréquente. Ainsi, le tribunal l’a jugé coupable pour escroquerie et l’a condamné à deux ans de prison ferme assortie d’une amende de deux mille dirhams ainsi que la restitution des sommes empochées à ses victimes.

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