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Histoire d’un amour mortel

© D.R

«Je ne l’ai pas tué», déclare, la voix tremblante, une jeune femme enceinte, R.O, aux enquêteurs de la PJ de Fès. Elle était entourée, ce dimanche 15 janvier, de sa mère et de son frère, M.O. Les enquêteurs qui se sont déplacés au quartier Bled Chami, au douar Riafa, examinaient le cadavre de H.M, criblé de coups, allongé dans le hall de la maison et gisant dans une mare de sang. Selon les premiers éléments de l’enquête, la victime a été tuée par une arme tranchante.
«De qui s’agit-il ?», demandent les enquêteurs. «C’est son mari, mais ils n’ont pas encore contracté l’acte de mariage», indique la mère de la jeune fille. Pourquoi n’avaient-ils pas établis l’acte de mariage ? Et pourquoi leurs parents ont béni leur relation extraconjugale ?  Mais avant tout, qui a tué H.M ? Est-ce R.O, la mère ou le frère ? Ou bien tous les trois? Ils ont tous crié leur innocence.
«C’est toi qui l’as tué ? Avoues-le?», lancent les policiers sur un ton sévère au frère de la jeune fille. Gardant le silence, il a éveillé les soupçons des enquêteurs qui lui ont mis les menottes.
«Non ! Laissez mon frère tranquille. Il est innocent. C’est moi qui l’ai tué», avoue enfin R.O avant de se fondre en larmes. Quelles sont les raisons qui l’ont poussés à commettre ce crime ?
Sa relation avec la victime remonte à sept mois. Plus précisément en juillet 2005. À cette date, R.O n’était qu’à son dix-septième printemps. Tandis que H.M est son aîné de trois ans. Ils étaient très proches l’un de l’autre puisqu’ils ont grandi au même douar.
Pendant l’été dernier, une histoire d’amour est née entre les deux voisins. Les rendez-vous se sont succédé. Au fil des jours, leur relation se consolidait davantage. Ils ont même décidé de se marier le plus tôt possible. Ils étaient aux anges. Avec joie et enthousiasme, ils ont commencé à préparer les pièces nécessaires pour la constitution du dossier.
Après quelques semaines, le couple a déposé le dossier au secrétariat-greffe du tribunal de la famille de la ville de Fès. Cependant, après leur retour, ils étaient surpris d’apprendre que le juge du tribunal de la famille chargé du mariage a rejeté leur demande. Interrogés sur les raisons, ils leur ont expliqué que la future mariée n’était qu’à son dix-septième printemps. Autrement dit, elle n’a pas encore atteint l’âge requis, en l’occurrence 18 ans, par les dispositions de l’article 19 du code de la famille pour contracter un mariage. Elle devait attendre quelques mois. Avec la bénédiction de leurs parents, les deux tourtereaux impatients ont fondé alors leur propre foyer en attendant que la jeune femme atteigne la majorité.  En novembre 2005, R.O est tombée enceinte. Des problèmes conjugaux ne tarderont pas à surgir et à empoisonner la vie du couple. R.O ne supporte plus H.M. Elle ne l’aime plus comme avant. D’une part, parce qu’elle a découvert qu’il boit beaucoup d’alcool et se drogue sans modération.
Et d’autre part, du fait de sa grossesse, elle ne supporte plus l’odeur de son mari.Elle lui reprochait le fait de gaspiller son argent dans l’alcool et la drogue et refusait de partager avec lui le même lit. H.M, ignorant les changements de comportements de la femme au cours de cette période de sa vie, ne pensait qu’à son propre plaisir. Il l’obligeait alors de s’y soumettre. Jour et nuit, éclataient entre eux des disputes et des querelles furieuses.
Il l’insultait et la rouait de coups. Elle décide alors de regagner le foyer de ses parents. Ces derniers sont intervenus pour les réconcilier.
Dimanche mi-janvier 2006. H.M est sorti dans l’après-midi pour retourner, la nuit, dans un état lamentable. Il était ivre. Il avance vers elle et lui demande de faire l’amour. Elle refuse. Les insultes ont cédé la place aux coups. Soudain, H.M brandit un couteau. Il menace de la tuer. Elle s’est réfugiée à la terrasse. Il l’a suivie en titubant. Pétrifiée, elle s’est tenue debout dans un coin. H.M s’est apprêté de l’attaquer quand il a perdu son équilibre et s’est renversé par terre. Elle a saisi ainsi le couteau et l’a frappé de deux coups fatals.
Elle rejoint son frère qui s’attablait dans un café, qui à son tour a appelé sa mère. Quand ils sont montés à la terrasse, H.M était mort. Que doivent-ils faire ? Ils ont descendu le cadavre au hall de la maison avant d’alerter la police. R.O a été traduite devant la justice à Fès. Elle accouchera, l’été prochain, dans la prison. Son futur nouveau-né, fruit d’une relation extraconjugale, devra faire face à une réalité amère : un père tué par la mère.

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