Il se souvient toujours du moment où il a vu, pour la première fois, il y a trois ans, cette charmante jeune fille. C’est comme si c’était hier. Il se souvient de toutes les secondes qu’il a passées avec elle. À chaque fois, il évoque leur première rencontre, le premier mot qu’il lui a chuchoté à l’oreille, son premier sourire… Il se souvient de tout. Il était à son vingt-huitième printemps et elle à son vingt-troisième. Bref, il l’a aimée et l’aime toujours. Elle l’a également aimé. Mais, l’aime-t-elle toujours ? C’est à cette question qu’il cherche une réponse. Il le lui demande. Sa réponse est toujours «Oui», accompagnée d’une bise sur la joue. Mais, il ne la croit pas. Le doute lui taraude l’esprit, lui ronge le cœur, le détruit au fil des jours, au point qu’il ne se passe pas un jour sans qu’il lui téléphone et la martèle des mêmes questions. Elle reste perplexe, bouche-bée, ne trouvant rien à répondre. Elle lui explique qu’elle n’aime que lui, qu’elle l’adore, qu’elle ne pense qu’à lui, qu’elle rêve de vivre en sa compagnie et partager le reste de sa vie avec lui… Mais en vain, ses soupçons continuent à s’amplifier au point de le hanter. Enfin, lasse de ses questions, elle n’accorde pas grand intérêt à ce qui se passe dans sa petite tête. Nous sommes à Bouskoura, à une vingtaine de kilomètres au sud de la capitale économique. Il est 20 heures de ce samedi 14 avril, quand ce jeune homme rentre chez lui, en compagnie de sa charmante maîtresse qu’il rêve d’épouser. Elle dresse la table y place une bouteille de vin rouge et des amuse-gueules qu’il avait ramenés avec lui pour garnir une belle nuit. Il picole tout seul, car elle ne boit pas. Au fil des verres, sa tête commence à tourner, alors qu’il discutait, plaisantait et rigolait avec sa bien-aimée. Ils leur arrive, également, de se rendre, de temps à autre, au lit pour un moment de plaisir charnel. Tout d’un coup, ses soupçons reprennent. La conversation prend une autre tournure focalisée sur le même sujet de confiance. Il l’accuse de l’avoir trompé avec son ami, une accusation qu’elle juge gratuite et infondée. Elle lui explique qu’il s’agit de simples racontars. Mais lui persiste à ne pas la croire. Soudain la conversation se transforme en échange d’accusations mutuelles, puis à l’échange d’invectives. Le jeune homme, l’alcool aidant, perd le contrôle de ses nerfs, et hors de lui, la gifle de façon si violente qu’elle se cogne la tête contre le mur. Aussitôt, le sang s’est mis à gicler d’une plaie dans sa tête. Il téléphone à la Protection civile. L’ambulance arrive, transporte la jeune fille vers les urgences, mais malheureusement, à mi-chemin, elle rend l’âme. Sa mort est due à une hémorragie cérébrale, causée par la violence de la gifle. Le jeune homme est arrêté et traduit devant le parquet général près la Cour d’Appel de Casablanca poursuivi pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner.