Nous sommes à Agadir. Mohamed marche la tête basse en ce soir du lundi 16 avril, le long de la côte. Il est seul, sans compagnon, en train de prendre un bol d’air pas très loin de chez lui, une chambre qu’il a louée depuis un mois et demi. En fait, personne ne s’intéresse à lui. Ses nouveaux voisins ne savent rien sur lui, ni sur son identité, ni sur sa situation familiale, ni où il était avant d’emménager dans le quartier. Ils remarquent tous les jours, qu’il sortait le matin et ne rentrait que le soir sans adresser la moindre parole à quiconque. Mais, personne n’ose lui poser la moindre question.
Il continue à traîner ses pas sur la côte de cette belle ville de la région du Souss, comme s’il cherchait à perdre le temps avant de retourner plonger dans un profond sommeil, chez lui. Tout d’un coup, il remarque deux jeunes hommes qui le fixent du regard tout en avançant dans sa direction. Deux autres jeunes hommes se tiennent derrière lui. Il ralentit, regarde à gauche et à droite et en un clin d’œil, les quatre jeunes hommes se jettent sur lui, l’immobilisent et le menottent ! Ce sont des policiers, qui étaient à sa recherche. La raison? C’est un meurtrier, il a tué sa femme, pas à Agadir, mais au quartier Al Hagounia, à Salé et il a pris la poudre d’escampette, après avoir pris le soin de l’enterrer. C’est un proche de sa femme qui a avisé la police d’Agadir, quand il l’a croisé sur la côte.
Il s’appelle Mohamed, il est âgé de cinquante-deux ans. Depuis plus d’une dizaine d’années qu’il s’est marié avec Khadija, âgée de cinquante ans. Il se débrouillait pour gagner sa vie, mais il a fini par perdre son boulot pour tomber dans le chômage. C’est Khadija, sa femme, qui travaille comme femme de ménage qui subvenait aux besoins de la famille. Seulement, elle refusait de lui remettre de l’argent pour acheter des cigarettes, prendre un café et se procurer des choses qu’elle considérait subsidiaires, c’est pourquoi il la violentait tout le temps et c’est toujours les voisins qui intervenaient pour calmer la situation. Ce soir d’un jour de la première semaine du mois de mars, ils ont remarqué la disparition du couple. Ni Mohamed, ni Khadija ne quittait leur domicile, lui pour aller à son café habituel et elle pour aller gagner sa vie ! En plus, ils n’ont rien pu remarquer qui indique qu’ils avaient déménagé. Ils ont fini par alerter la police de Salé qui s’est dépêchée sur les lieux. Des investigations et des fouilles leur ont permis de faire la macabre découverte: l’épouse a été tuée et enterrée dans le lieu même du crime.