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Il tue son voisin à coups de couteau

Chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Deux policiers conduisent Mohamed.D à la salle d’audience. Le mis en cause fixe le plafond par ses regards. « Il semble être fou », a chuchoté un quadragénaire qui assistait à l’audience. Pourquoi regardait-il le plafond ? Est-il vraiment un aliéné mental ? "Non", a répondu le représentant du ministère public quand l’avocat de Mohamed, constitué dans le cadre de l’assistance judiciaire, a réclamé une expertise médicale.
Pour l’avocat, les comportements de Mohamed semblent être anormaux. Alors que pour le représentant du ministère public, Mohamed n’est qu’un fin acteur qui tentait par tous les moyens d’induire la Cour en erreur. Dans le procès-verbal d’interrogatoire préliminaire sont enregistrés les aveux du mis en cause. Arrêté par la police judiciaire, il a tout déballé aux enquêteurs, qui n’ont décelé aucun comportement anormal chez le présumé coupable lors de son interrogatoire.
« C’est moi qui l’ai tué en lui donnant trois coups de couteau », leur a-t-il avoué.
La précision du nombre de coups justifie qu’il était conscient lors de son crime. Il a expliqué aux enquêteurs qu’il était en état d’ivresse quand Salem est venu
le menacer avec un couteau. «J’étais “désarmé“», a-t-il affirmé aux enquêteurs. Salem qui était sous l’effet de comprimés psychotropes est venu régler un compte avec lui. Quelques mois plus tôt, Mohamed était attablé dans un café quand il a reproché à Salem d’avoir harcelé sa maîtresse. Une dispute ne tardera pas à s’éclater. Les injures ont cédé la place aux mains.
Mohamed a roué Salem de coups de poing et de pieds. Les jeunes du quartier sont intervenus pour mettre fin à cette bagarre.  Mais, il semble que Salem n’a pas oublié cette scène d’humiliation devant ses copains. En conséquence, il attendait l’occasion opportune pour rendre le coup à son protagoniste. Ce jour-là, il croyait que l’occasion est venue quand il a remarqué Mohamed titubant dans le quartier. Il a avalé quelques comprimés psychotropes et s’est dirigé, armé d’un couteau, vers le jeune homme. Salem a commencé à l’insulter en le menaçant de le tuer s’il avance d’un seul pas.
Les badauds n’ont pas pu intervenir surtout que Salem menaçait tout le monde avec son arme blanche. Et tout d’un coup, Mohamed D. lui a donné un coup de poing au point qu’il s’est renversé. Rapidement, il lui a enlevé le couteau pour lui asséner trois coups successifs. Sur le coup, Salem, vingt-huit ans, célibataire a rendu l’âme.
Quant à Mohamed, son aîné de quatre ans, repris de justice pour vol qualifié, est resté sur place jusqu’à l’arrivée de la police. Celui qui a donné tous ces détails aux enquêteurs est-il réellement fou ? Pour l’avocat de la défense, il n’y a aucun doute. Il appuie sa thèse en rappelant que le mis en cause a reconnu devant la Cour son acte criminel. «Les mis en cause nient souvent devant la Cour les crimes qu’ils ont commis. Pourquoi Mohamed l’aurait avoué s’il a toute sa raison?», a précisé l’avocat qui a réclamé une expertise médicale. Prenant la parole, le représentant du ministère public a précisé au cours de son réquisitoire que les aveux du mis en cause devant la Cour, qui correspond à ceux consignés dans le procès-verbal, prouvent qu’il est coupable de coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner. Et surtout qu’il était conscient de ce qu’il faisait. Après les délibérations, la Cour a jugé Mohamed coupable et l’a condamné à vingt ans de réclusion criminelle.

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