Il y a deux ans, Mohamed était à son commerce, à Fès, quand il s’est rendu compte de ce jeune qui s’est arrêté devant lui. Il était bien habillé, il est resté cloué à sa place sans dire un mot. Fixant Mohamed, il ne bougeait pas , il était comme une statue. Pourquoi ? Qu’attendait-il ? Que voulait-il ? Mohamed le regardait curieusement sans savoir pourquoi il ne voulait pas avancer d’un iota, ni partir. Tout d’un coup, le jeune homme est avancé d’un pas, puis deux, puis trois et lui a lancé discrètement un salut comme s’il ne voulait pas qu’on l’entende. «Salut», lui a répondu Mohamed qui continuait à le fixer bizarrement. Mohamed se demandait s’il l’avait déjà rencontré quelque part. Non. Il était certain de ne l’avoir jamais croisé. Tout d’un coup, le jeune s’est approché de lui tout en lui demandant de lui permettre de parler. Mohamed le lui a permis. Le jeune homme, qui est âgé de vingt-huit ans, a affirmé en balbutiant à Mohamed : «Je m’appelle Hassan. Je suis employé. Je gagne dignement ma vie. Et je cherche la femme qui partagera ma vie. En fait, j’ai choisi ta fille que je n’ai jamais rencontrée, mais que je croisais souvent au quartier». Mohamed écoutait attentivement Hassan sans dire le moindre mot. Mais il semblait que le jeune homme l’avait impressionné au point qu’il l’a invité pour prendre un verre de thé chez lui. Hassan était plein de joie. Il a accompagné Mohamed chez lui au quartier Al Fath. Quand ils y sont rentrés, Mohamed a appelé sa fille Najat et lui a expliqué que le jeune était venu la demander en mariage. En fait, Najat n’a répondu qu’une fois le jeune homme parti. Elle lui a exprimé son abstention d’avoir une relation conjugale avec Hassan. Pourquoi ? Parce qu’elle ne le connaissait pas. Mais le père Mohamed était ferme dans sa décision : Najat, âgée de dix-neuf ans, sans profession, ne devait pas rester célibataire. Elle devait se marier avec le premier homme qui la demandera en mariage. Sans s’assurer que Hassan était effectivement le mari qui convient à sa fille, Mohamed leur a offert une belle nuit de noces et les a hébergés chez lui. Seulement, il a découvert par la suite que Hassan n’était qu’un chômeur, irresponsable, soûlard et drogué qui n’assume pas sa responsabilité d’époux. Et pourtant, son beau-père, Mohamed, l’aidait et subvenait à ses besoins. Entre-temps, il lui a demandé de le rejoindre au commerce pour l’aider. En vain. Hassan n’avait l’intention que de rester les bras croisés et empocher gratuitement de l’argent. Au contraire, sa femme, Najat, a rejoint son père et a commencé à l’aider au commerce. Quand elle est tombée enceinte, elle a demandé à son mari de la remplacer. Mais, il a refusé. Au fil des jours, Najat a mis au monde un nouveau-né qui est venu égayer son foyer. Malheureusement, son mari, Hassan, semblait ne pas avoir l’intention de changer et d’assumer sa responsabilité de mari et de père. Il ne pensait qu’à l’alcool et au haschich. Un état qui mettait chaque fois Najat hors d’elle. La dernière fois, elle lui a demandé de la répudier. Mais, il lui a répondu qu’il ne pouvait pas le faire parce qu’il n’a pas où aller.
– «Mais, je ne veux plus de toi», lui a-t-elle dit sur un ton sérieux.
– Je n’ai pas où aller et c’est toi qui m’a jeté dans ce monde de misère.
– Tu n’es rien. Tu n’es même pas un homme».
Hors de lui, Hassan l’a poussée violemment au point que son nouveau-né est tombé par terre. Il l’a frappée avant qu’elle prenne son enfant et elle est sortie de chez elle. En colère, Hassan a mis, aussitôt, le feu dans la maison avant de prendre la fuite. Les sapeurs-pompiers sont intervenus. Une enquête policière a été diligentée et s’est soldée par l’arrestation de Hassan à Meknès.