À bord d’une Peugeot 308, de couleur grise, un jeune homme, bien habillé, s’est arrêté devant la grande porte de cette société du quartier Aïn Sebaâ, à Casablanca. Lentement, il en est descendu. Il était seul. Le gardien de la société a ouvert la grande porte pour s’assurer de la personne qui est venue garer sa voiture. Le jeune homme lui a demandé si son patron se trouvait à l’intérieur de l’établissement. La réponse était affirmative. Le jeune homme est alors entré sans demander la permission. Le gardien de la société n’a pas pu l’empêcher. Le jeune homme est resté quelques secondes devant le bureau du patron avant d’y rentrer. Il a affirmé au patron avoir besoin d’un lot de marchandises produites par la société .
Tout a été réglé en une journée. Le jeune homme a pris la marchandise et le patron a mis un chèque de 190 mille dirhams dans le tiroir. Le lendemain, le patron a remis le chèque à la banque. Et ce fut la grande surprise ! Le chèque était falsifié.
Aussitôt, une plainte a été déposée auprès du procureur du Roi près le tribunal de première instance de Casablanca. Celui-ci a donné ses instructions aux éléments de la police judiciaire de Hay Mohammadi-Aïn-Sebaâ pour diligenter une enquête. Quelle est l’identité de ce jeune homme qui est venu à la société et lui a remis le chèque falsifié?
Les investigations menées par les éléments de la brigade économique et financière n’ont pas duré longtemps pour commencer à tirer l’affaire au clair. Les détectives ont mis la main sur un certain M. A. Ce dernier n’est pas étranger à la société. Puisqu’il entretenait une relation de travail avec le patron. Les enquêteurs ont trouvé sur M. A deux cartes d’identité nationales portant deux fausses identités. A qui appartiennent les deux cartes d’identité ? Le mis en cause n’avait pas de réponse. Il les avaient reçues d’une autre personne, chef d’une bande spécialisée dans la falsification de documents leur permettant ainsi de bénéficier de crédits bancaires. Comment ?
Le mis en cause a affirmé aux enquêteurs qu’il est membre d’une bande qui se chargeait de falsifier des cartes d’identité nationales. Ces faux CIN qui portaient des faux numéros, des faux noms, prénoms et date de naissance leur permettaient d’ouvrir des comptes bancaires à travers plusieurs agences bancaires. Et ils commençaient à se rendre aux sociétés pour acheter des produits avec des chèques en bois.
Le mis en cause a révélé également aux enquêteurs que le suspect principal avait fondé une société fictive lui permettant d’avoir des attestations de travail et des bulletins de paie. Ces deux documents, ainsi qu’une somme d’argent dans le compte bancaire de l’un des complices, facilitaient la tâche pour bénéficier de crédits bancaires.
L’enquête policière a révélé que les membres de la bande ont bénéficié de onze crédits bancaires. La somme du chaque crédit variait de 120 à 150 mille dirhams. Les agences bancaires leur ont accordé des crédits d’une somme globale dépassant 1 million 540 mille dirhams. Les enquêteurs sont arrivés à mettre la main sur trois autres membres de la bande. Et ils ont été traduits devant la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Ces derniers ont été poursuivis, en état d’arrestation, pour constitution d’une association de malfaiteurs et falsification des documents administratifs. Des notes de recherche ont été lancées contre d’autres membres de la bande dont le cerveau.