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Licencié, il cambriole son employeur

© D.R

Durant l’été, tous les Tiznitis fréquentent la région d’Aglou. Située à quatorze kilomètres de leur ville, elle est réputée pour sa plage et pour la relative fraîcheur de son climat. Quand il a quitté sa région natale, Haha, Mohamed a décidé de s’y installer. Huit mois durant, cet homme âgé d’une trentaine d’années y a travaillé pour subvenir aux besoins de sa famille indigente. Recruté par le propriétaire d’une ferme située à douar Laâouina, il s’est dépensé sans compter jusqu’au jour où un malentendu avec son employeur a poussé ce dernier à le licencier sans lui verser son dernier salaire. Un comportement qui a mis Mohamed dans une situation inextricable : sans emploi, il ne pouvait avoir de quoi vivre, ni payer son  loyer, ni subvenir à sa famille. Il n’avait d’autres alternatives que de chercher un nouveau travail. Des jours durant, il a frappé à toutes les portes. Lesquelles sont demeurées closes. Du travail, il n’y en avait pas pour lui. Ni pour beaucoup de ses amis. Notamment Abderrahmane qui a le même âge que lui et qui se complaît, depuis fort longtemps dans sa misère. Cet homme qui est né et qui a grandi dans la ville d’Agadir a certes cherché à se caser, mais il n’a jamais pu trouver le moindre petit travail honnête et régulier. Mohamed qui aimait sa compagnie n’hésitait pas, parfois, à lui acheter quelques cigarettes où à lui donner de quoi aller au bain. Quand il lui a rendu visite, dernièrement, il n’a pas hésité à lui demander s’il était toujours dans le besoin. Abderrahmane ne lui a pas répondu. Il s’est contenté de le fixer longuement. Se moquait-il de lui ? Pourquoi lui a-t-il posé cette question ? Lui a-t-il trouvé un emploi ? Comment un homme en quête de travail et d’argent peut-il lui avoir trouvé un emploi ?
«J’ai besoin de toi pour commettre des vols…Je ne veux plus travailler. Cela ne me rapporte que des clopinettes…», lui confie Mohamed.
Sans trop penser aux conséquences et sans lui poser la moindre question, Abderrahmane lui a exprimé son accord. Lui aussi ne savait pas comment s’en sortir. Faire la manche, il en avait marre. Voler, il n’y a certes jamais pensé, mais qui sait. Peut-être que … Il se perdit alors en conjectures. La nuit durant, il y réfléchit, mais il ne pouvait renier sa parole.
Le lendemain soir, les deux amis se sont rencontrés à Inzegane. Conformément aux conseils de son ami,  Abderrahmane s’est muni d’une longue corde, d’une épée à simple tranchant de seize centimètres. Avant de prendre le chemin vers la gare routière où il devait prendre l’autocar allant à destination d’Aglou et vers le douar de Laâouina, il a dissimulé tout cela dans une grande sacoche La nuit est déjà tombée quand les deux compères se sont rencontrés au douar. Mohamed avait déjà cerné son objectif ; en l’occurrence la ferme où il avait travaillé.  En arrivant à l’arrière de celle-ci, il a lancé sa corde pour escalader le mur et y rentrer avec son ami, Abderrahmane. Ils ont surpris le gardien en plein sommeil. Ils le ligotèrent avant de rentrer à l’intérieur et de mettre la main sur plusieurs effets vestimentaires, un appareil de télévision, une radio-cassette, plusieurs autres objets précieux en plus d’une carabine de 9 mm. Ils ont mis leur butin sur un tracteur qui a été conduit par Mohamed. Abderrahmane l’aidait sans rien dire. Leur deuxième destination était une ferme mitoyenne. Mohamed a frappé à sa porte. Quand son propriétaire a ouvert, il a surpris par le coup d’épée que l’un des deux voleurs lui a asséné et qui l’a blessé à la cuisse droite. Mais malgré la douleur atroce qu’il ressentait, il est arrivé à refermer la porte pour empêcher ses assaillants d’accéder à l’intérieur. Mohamed a alors tiré trois balles sur le grillage du juda de la porte qui a fini par céder. Mettant en joue le propriétaire de la ferme, il l’a sommé de lui remettre tout ce qu’il avait sur lui. Ce qu’il fit : un téléphone portable et un billet de 200 dirhams ont été remis aux assaillants. Lesquels ont poursuivi leur chemin à bord du même tracteur. Près de la commune Massa, ils ont abandonné la carabine et le tracteur.
Alertés, les éléments de la police judiciaire les ont arrêtés quand ils s’apprêtaient à quitter Agadir à destination d’Essaouira. Avant d’être traduit dimanche 12 novembre, devant la Cour d’appel d’Agadir, Mohamed a affirmé avoir pensé à cambrioler la première ferme pour se venger de son employeur qui l’a licencié sans lui verser son salaire. Et la seconde ? Pour avoir de l’argent à même de lui permettre de subsister jusqu’à ce qu’il retrouve un emploi !

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