Une triste histoire d’une jeune fille de 23 ans qui s’est retrouvée entre l’enclume du décès de sa mère et le marteau d’un père, d’une belle-mère et de la rue, sans pitié.
«C’est ma fille, je voulais la garder, mais je ne pouvais pas», déclare, en larmes, cette jeune femme aux magistrats de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca.
Âgée de vingt-trois ans, elle a quitté son domicile alors qu’elle était à peine à son quinzième printemps, juste après le décès de sa mère et le remariage de son père. Ce dernier n’avait aucune affection ni tendresse pour elle, il l’a laissée livrée à son propre sort entre les griffes des monstres qui errent dans les quatre coins de la capitale économique. Ne sachant à quel saint se vouer, elle s’est réfugiée au début chez sa tante maternelle mais celle-ci l’a chassée une année plus tard. Pour quelle raison ? Son cousin, son aîné de quatre ans, abusait d’elle sexuellement. Certes, elle ne l’a pas dénoncé à sa tante. Mais, lorsque le mari de cette dernière a commencé à son tour à la harceler et à lui faire des avances sexuelles, elle n’a pas pu garder le silence. Mais au lieu de s’en prendre à son mari elle a jeté sa nièce à la rue. Aussitôt, elle a pris l’autocar pour rejoindre son oncle qui demeure à Sidi Bennour. Ce dernier l’a aussi repoussée arguant qu’il ne pouvait risquer de perdre son frère car il lui reprocherait de l’avoir cachée chez lui. Il ne lui a permis de passer qu’une nuit. Devant tant de portes fermées, elle a commencé à s’adonner à la prostitution, n’ayant aucun autre moyen pour vivre, affirme-t-elle à la Cour. Elle a cherché à travailler comme domestique chez une famille installée à Casablanca, mais le fils de ses employeurs a tenté de la violer. Puis elle est retournée à la rue. Quand elle est devenue majeure, elle a commencé à fréquenter les bars en quête de clients. Sans le vouloir elle est tombée enceinte. Elle n’avait personne pour prendre soin d’elle. Pire, elle a continué à coucher avec ses clients. Finalement, elle a mis au monde une fille. Hélas, se désole-t-elle, elle ne pouvait la garder. Du service de maternité, elle a été conduite au commissariat de police puisque l’enfant n’a pas de père. Un procès-verbal pour débauche lui a été dressé puis elle a été relâchée. Elle a passé sa première nuit en compagnie de son nouveau-né à la belle étoile. Mais lors de la deuxième nuit, elle a décidé de mettre fin à la vie de son bébé en l’étouffant avec son foulard et prendre la fuite. Mais, une vidéosurveillance a enregistré la scène et elle a été facilement identifiée et arrêtée.
Verdict : Jugée coupable d’infanticide tout en bénéficiant des circonstances atténuantes, elle a écopé de cinq ans de réclusion criminelle.