Qui a commis le meurtre perpétré au quartier Beni M’hamed à Meknès ? S’agit-il vraiment d’une affaire d’infanticide ? Personne n’a pu jusqu’à aujourd’hui le prouver. Accusé d’être l’auteur de ce crime, le père du défunt est, depuis le mercredi 10 mai, en détention préventive. Est-il vraiment le meurtrier de son fils ? En fait, tout mis en cause est innocent jusqu’à preuve du contraire.
En plus, le juge d’instruction près la Cour d’appel de Meknès se penchera, en juillet prochain, une fois encore sur l’affaire avant de la transférer à la chambre criminelle. Que s’est-il passé au juste ? Vendredi 5 mai, les éléments de troisième arrondissement de la ville ismaïlite ont été alertés, vers 22 h 30, par l’hôpital Mohammed V. Sans tarder, ils se sont dépêchés sur les lieux.
Le médecin-chef les a conduits vers le service de réanimation où a été évacué dans un état comateux un homme, âgé de quarante-deux ans, marié, père de deux enfants et prothésiste de son état. Selon le médecin, l’homme présente des traces de coups sur son visage, des ecchymoses au niveau de ses yeux et une fracture de son pied gauche.
Le sang a également coulé de son oreille droite. Son état est jugé critique par le médecin-chef de l’hôpital. Qui l’a conduit aux Urgences ? C’était sa mère.
Entre-temps, le prothésiste a passé de vie au trépas et l’affaire a été confiée aux éléments de la deuxième brigade criminelle près la police judiciaire de Meknès pour déterminer les circonstances de la mort du défunt.
Puisque la mère est la dernière personne qui a vu la victime, elle était la première à être interrogée. La soixantaine, cette mère de huit enfants a précisé aux enquêteurs qu’elle a rendu visite à son enfant qui vit seul après avoir été abandonné par sa femme.
Cette dernière, ne pouvant supporter les agissements de son mari, est retournée chez sa propre famille avec ses deux enfants. En compagnie de ses amis, son époux s’enivre du matin jour et nuit.
La mère a ajouté aux enquêteurs qu’une fois arrivée, elle fut surprise par les portes de la maison ouvertes. De coutume, elles étaient toujours fermées surtout après le départ du locataire qui occupait le rez-de-chaussée. En montant à la terrasse où réside son fils, elle l’a découvert allongé par terre, ivre, blessé et ses vêtements maculés de sang. Avec l’aide des voisins du quartier, elle est arrivée à le remettre sur son lit et à nettoyer le lieu avant d’appeler son mari.
Arrivé, ce dernier s’est contenté de le regarder avant de partir avec sa femme. Ils n’ont alerté ni la police ni la protection civile. La mère a précisé aux enquêteurs que son mari n’aimait pas le défunt.
Propriétaire de cette maison, le père a sollicité à maintes reprises son fils de la quitter. Selon les dires de la mère, le père ne cessait pas de violenter la victime à chaque fois qu’il le surprend en état d’ivresse.
La mère a ajouté qu’après avoir rentré chez elle, elle a décidé d’y retourner pour se rassurer. Remarquant que son état est très critique, elle a alerté la protection civile pour le transporter vers l’hôpital.
Les enquêteurs ont ciblé une dizaine de témoins du quartier. Les uns ont attesté qu’ils ont entendu les cris du défunt. Et puisque de coutume, il fait du tapage nocturne à chaque fois qu’il est en état d’ivresse, ils n’y ont pas prêté attention.
D’autres témoins ont déclaré aux enquêteurs que le père torture souvent son fils.
L’un des voisins a affirmé avoir vu le père qui sortait de la maison après avoir entendu des cris. Est-il donc l’assassin de la victime ? Le mis en cause, gardé en détention préventive, crie son innocence.