À treize ans, une jeune fille dénonce enfin l’horreur qu’elle a subie pendant six longues années, sous le toit familial, de la part de son père. Bravant la peur, les menaces et le silence imposé, elle décide de tout raconter.
Nous sommes à Meknès. Dans une chambre à l’hôpital, service de la maternité, est alitée une adolescente de treize ans. Fixant le mur, son regard vide reflète des années de terreur. À ses côtés, sa mère serre sa main avec une intensité mêlée de rage impuissante. Devant elle, une doctoresse lui demande d’écarter ses deux jambes. C’est dans ce petit monde que le silence vient d’être brisé, après six longues années de souffrance. Tout a commencé par des signes à peine perceptibles.
Des cauchemars récurrents hantaient les nuits de l’adolescente. Son comportement a progressivement changé, une peur panique s’emparait d’elle en présence d’hommes et ses résultats scolaires s’effondraient brusquement.
Cela n’a pas échappé à sa mère mais elle ne savait pas ce qui lui est arrivé. Au fil des questions, l’adolescente a révélé à sa maman ce qu’elle n’a jamais imaginé. L’homme avec qui elle partageait la vie, le père de sa fille bienaimée, s’est transformé, à son insu, depuis belle lurette, en prédateur. Pendant six années, il profitait de ses absences pour commettre l’irréparable. Les menaces constantes et la peur ont maintenu l’adolescente dans un silence forcé. Plusieurs questions sont passées par la tête de la mère. Comment sa fille a-t-elle pu garder tout ce secret durant six ans, depuis qu’elle avait six ans? Comment son mari, âgé de quarante- deux ans, a pu se permettre d’abuser sexuellement de sa fille au point de la dépuceler ? Certificat médical à la main, la mère a conduit sa fille au commissariat de police. Une plainte a été déposée et une enquête a été ouverte par la police judiciaire. Le père a été arrêté. Il a rejeté en bloc les accusations tout en évoquant un complot familial et des vengeances imaginaires. Mais le moment décisif est survenu lors de la confrontation.
Devant les enquêteurs, l’adolescente a fait preuve d’une mémoire implacable. Elle a décrit avec une précision troublante le calvaire qu’elle a enduré toutes ces années. Il la rudoyait si elle refusait lui céder, la menaçait de la tuer ou de l’enterrer vivante si elle révélait le secret et l’obligeait à le laisser faire. L’expertise médicale et psychologique a confirmé la crédibilité du témoignage de l’adolescente. Ce père incestueux a été maintenu, récemment, en détention préventive par le parquet général près la Cour d’appel de Meknès qui l’a mis ensuite entre les mains du juge d’instruction.












