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Meurtrier malgré lui

Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Comme à l’accoutumée, la salle d’audience était archicomble. Ahmed se tenait au box des accusés. Le président de la Cour feuilletait le dossier qui était entre ses mains. Quand il a levé ses yeux, il a fixé directement Ahmed et lui a rappelé son accusation : «Tu es accusé de coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner». Ahmed, dix-neuf ans, se tenait au box sans dire un mot, comme s’il n’avait rien entendu. Pensait-il à ses parents et ses frères et sœurs qu’il ne verra que rarement? Etait-il absorbé par les images du crime qu’il avait perpétré contre son gré et qui sans aucun doute lui hantait l’esprit jour et nuit ? Né à Hay Mohammadi, ce jeune jouissait d’une bonne réputation. Il poursuivait ses études avec succès. Il n’était ni un fumeur, ni un drogué et encore moins un ivrogne. «C’est un excellent garçon, timide, qui fréquente la mosquée du quartier», a attesté un jeune de son quartier venu le soutenir.
Au contraire, Abdelhadi, la victime, était un soûlard et un drogué qui a tourné très tôt le dos à l’école pour se retrouver dans la délinquance. Cet adolescent qui a passé la grande partie de sa vie avec sa mère était au chômage. Son père les a abandonnés alors qu’il n’avait que deux ans. Pour avoir de l’argent, il n’hésitait pas à commettre des agressions. À son vingt-troisième printemps, il avait déjà purgé deux peines d’emprisonnement ferme : une première d’une durée de huit mois pour vol simple et une seconde d’un an pour vol avec récidive et consommation de drogue. Mais Abdelhadi n’aurait jamais imaginé être tué par un voisin aussi timide et calme qu’Ahmed. «Nous étions, moi et mon frère, à l’ancienne médina, chez mon grand-père qui est malade», a-t-il précisé à la Cour.
À bord d’un grand taxi, ils sont retournés à leur quartier. Au moment où ils continuaient leur chemin à pied à destination de chez eux, ils ont été surpris par Abdelhadi qui leur a coupé le chemin. Que voulait-il d’eux ? Les agresser. Abdelhadi a même brandi un couteau et les a menacés de les balafrer s’ils ne lui remettaient pas ce qu’ils portaient sur eux. Il a effectivement blessé le frère aîné d’Ahmed lorsqu’il l’a menacé de le dénoncer à la police. Remarquant son frère qui saignait, Ahmed a perdu tout contrôle de ses nerfs. Il a poussé violemment Abdelhadi. Et il lui a arraché le couteau de la main pour le lui planter au niveau de sa poitrine.
Pas moins de quelques minutes plus tard, Abdelhadi est décédé et Ahmed a été arrêté. Un acte qui lui a coûté dix ans de réclusion criminelle après avoir bénéficié des circonstances atténuantes.

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