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Mounia, 14 ans, kidnappée, séquestrée et violée toute une nuit

© D.R

«J’ai perdu toute confiance en moi». Une réponse qui touche au cœur surtout qu’elle émane d’une fille encore mineure, Mounia, âgée de quatorze ans. Pourquoi l’a-t-elle perdue ? Parce que son enveloppe corporelle a été bafouée, son corps n’a pas été respecté, son intimité a été touchée profondément et le déroulement de sa vie venait de s’arrêter depuis quelques mois. Que lui est-il arrivé ?
«Je n’arrive pas à croire ce qui lui est arrivé», répond à ALM son père qui tente de la consoler.
Ce père de huit enfants se souvient de ce mardi 20 octobre 2009, vers 11 h du matin. Il faisait ses courses au quartier Al Massira, à Fès, quand un voisin l’a rejoint.
«Ta fille, Mounia, a été kidnappée par Abdeljebbar», lui a dit le voisin.
Mounia venait de sortir de chez elle, au douar Lahbib, à Aïn Smane, quartier Bensouda. Elle était devant sa demeure. Dix minutes plus tard, elle a remarqué Abdeljebbar qui est passé devant elle. Tout d’un coup, ce père d’un enfant, âgé de vingt-six ans, au chômage, s’est arrêté près d’elle. Il l’a fixée de ses regards de braise. Perturbée, elle s’est apprêtée à rentrer chez elle. Mais, Abdeljebbar était le plus rapide pour l’empêcher. Rasoir à la main, il l’a mis sur son cou tout en la menaçant : «Reste tranquille ou je te balafre le visage».
Elle ne pouvait pas demander secours. D’abord, il n’y avait personne chez elle. Et les quelques curieux qui passaient ont fait semblant de n’avoir rien vu. Où l’a-t-il conduite ?
Son père, Larbi, l’a cherchée partout. En vain. Il a passé toute la journée et toute la nuit à errer dans les rues de la ville de Fès et a frappé aux portes des hôpitaux, sans résultat. Et le commissariat de police ? Larbi ne s’est adressé au commissariat de police Al Massira, au quartier Bensouda, que le lendemain, 21 octobre 2009, vers 8h 30. Il a raconté toute l’histoire de l’enlèvement de sa fille et il est parti chez lui en attendant le résultat de l’enquête policière.
Deux heures plus tard, Larbi est retourné au commissariat de police. Il a affirmé aux policiers qu’un enfant du quartier lui a révélé que Mounia est séquestrée dans une baraque située au douar Karîche.
À bord d’un fourgon, les policiers de l’arrondissement Al Massira, en compagnie du père, ont traversé le douar Boukoufa, puis des champs d’agriculture pour arriver à un terrain vague où se trouvait une baraque d’une cinquantaine de mètres. De loin, ils ont entendu la voix d’une fille qui demande secours. La porte était fermée par une chaîne et un cadenas. Difficilement, ils sont arrivés à l’ouvrir. Où est Mounia? Elle était séquestrée dans une chambre. Arrivant à l’ouvrir, les policiers ont sauvé la fille qui était dans un état lamentable. Sa djellaba maculée de sang, elle sanglotait.
«À pied, Abdeljebbar m’a conduite, hier matin, jusque là…», a-t-elle affirmé les larmes aux yeux. Dans la baraque, il y avait plusieurs jeunes hommes qui s’enivraient. Abdeljebbar a demandé à un certain Bouchta de partir. Il semble qu’il est le propriétaire de la baraque. Celui-ci a demandé à ses invités de changer le lieu. Mounia leur a demandé d’intervenir pour la sauver. Mais en vain. Ils lui ont tous tourné le dos. Quand elle l’a supplié de la laisser tranquille, il l’a giflée. Aussitôt, il a ouvert un «trois-quart» de vin rouge. Il picolait alors qu’il mettait un couteau sur la table. Il la menaçait de la tuer si elle  demande du secours. Quand il a vidé la moitié de la bouteille, il l’a dévêtue et l’a violée. Sans pitié, il a abusé d’elle à cinq reprises durant toute cette nuit. Il l’a empêchée de dormir. Le lendemain matin, il l’a violée une sixième fois avant de fermer la porte et partir sans donner signe de vie. Depuis lundi 2 novembre 2009, Abdeljebbar fait l’objet d’une note de recherche pour kidnapping, séquestration et viol sur une mineure. Et Mounia souffre sans oublier cette nuit terrible qui constitue un tournant dans sa vie marquée, depuis, par un « avant» et un «après» le viol.

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