Un bijoutier à Afourar, qui relève de la province d’Azilal, a simulé une agression à l’arme blanche pour ne pas rembourser ses créanciers. Mais il a été pris dans ses propres filets.
Mercredi 21 mai. Cet homme, l’air effrayé, rentre au poste de la gendarmerie royale à Azilal, dans la région de Beni Mellal-Khénifra. Il n’arrive pas à reprendre son souffle. Le chef de la brigade lui dit de s’asseoir et se calmer. Ce quadragénaire, disposant d’une bijouterie à Afourar relevant de la province d’Azilal et se situant à une vingtaine de kilomètres de la ville de Beni Mellal, commence à relater des faits inattendus. Il lui révèle qu’il venait de quitter la ville d’Afourar pour se rendre dans la région d’Ouled M’barek située au niveau de la route nationale n°8 reliant Marrakech à Beni Mellal et qui s’éloigne de cette dernière d’une dizaine de kilomètres. Il portait des bijoux en or d’une quantité d’un kilo, d’une valeur de près d’un million de dirhams, qu’il devait vendre à des commerçants d’un souk hebdomadaire, mais à mi-chemin, deux voitures l’ont pris en chasse. Les deux voitures sont arrivées à le coincer près d’un virage montagneux. Sous la menace d’armes blanches, ils l’ont obligé à leur remettre les bijoux puis ils sont montés à bord de leurs deux voitures et ont démarré à toute allure.
Effectivement, une fois avoir écouté sa version des faits et avoir noté officiellement les informations dans un procès-verbal, le chef prend les choses au sérieux, informe le parquet général près la Cour d’appel et ouvre une enquête. Seulement, les investigations qu’ils ont effectuées durant trois jours et l’examen des vidéosurveillances implantées tout au long du trajet qu’il avait mentionné leur ont mis la puce à l’oreille. D’abord lors de son audition, il n’a pu décrire ni la marque, ni la couleur des deux voitures qui l’ont pourchassé, ni avoir rappelé au moins un seul signalement de l’un de ses ravisseurs. Les vidéosurveillances ont révélé qu’il a quitté sa ville vers 14h 50, en pleine heure de pointe ; autrement dit, le chemin parcouru était bondé de voitures et de piétons. Un autre point qui a rendu sa version des faits peu crédible, à savoir qu’il n’a signalé l’incident qu’une heure après alors que la distance entre le lieu de son départ et le lieu de son arrivée ne nécessite que quelques minutes.
Samedi 24 mai, les enquêteurs le convoquent. Ils le martèlent de questions. Coincé, le bijoutier finit par s’effondrer et crache le morceau. Il s’agit d’une histoire montée de toute pièce. Pour quel mobile ? Ayant des difficultés à s’acquitter d’une dette de 60 mille dirhams due à un bijoutier installé à Casablanca et ayant remis des chèques en bois à d’autres bijoutiers, il a pensé à cette ruse afin d’échapper à ses engagements financiers envers eux.
Arrêté, il a été traduit, lundi 26 mai, devant la justice.