Son rêve était d’émigrer vers l’eldorado. À ce propos, elle a recouru à la procédure légale. Munie d’un dossier de demande de visa en main, elle s’est adressée au consulat d’Italie à Casablanca. Une demande qui a été rejetée. Et la solution ? Recourir aux procédures illégales ? Oui. Elle a décidé de chercher celui qui pourrait l’aider, par n’importe quel moyen, à réaliser le rêve de sa vie. Entre-temps, elle a voyagé à Khouribga. Par hasard, elle a rencontré une femme, mère de famille, avec qui elle a engagé une conversation concernant le problème d’obtention du visa. «Je cherche quelqu’un qui peut m’aider à émigrer légalement ou clandestinement», lui a-t-elle précisé. Du coup, la mère de famille lui a assuré qu’elle allait lui trouver la solution adéquate. Comment ? «Mon beau-frère qui vient d’arriver d’Italie peut t’aider», lui a-t-elle affirmé tout en fixant un rendez-vous pour le lendemain.
Les deux femmes se sont rencontrées. La mère de famille a conduit la jeune femme chez son beau-frère, Mohamed. Celui-ci lui a proposé de contracter un mariage blanc contre une somme de quatre-vingt mille dirhams. La jeune femme n’avait pas le moindre problème pour sacrifier même sa vie pour aller travailler en Italie. Elle a déployé tous ses efforts pour amasser quarante mille dirhams. Elle les a remis à Mohamed. Celui-ci lui a proposé d’aller à Settat pour établir l’acte de mariage. Pourquoi Settat et non Khouribga ou El Jadida? «Pour que personne, de nos proches, amis et voisins, ne sache que nous sommes mariés puisque notre mariage n’est pas légal», lui a-t-il expliqué.
Tous les deux sont arrivés à Settat. Vers leur chemin aux bureaux des adouls, il a croisé un quadragénaire qu’il a salué. Il le lui a présenté : «C’est l’adoul qui va s’occuper de l’établissement de notre acte de mariage». Mohamed a remis tous les documents nécessaires à l’adoul. Tous les deux sont retournés à El Jadida. Deux jours plus tard, il lui a téléphoné pour le rejoindre chez un ami. Chez celui-ci, elle a rencontré deux autres personnes dont le quadragénaire que Mohamed lui a présenté comme l’adoul. «Voilà l’adoul et les deux témoins. On va établir maintenant l’acte de mariage et nous serons mariés», lui a-t-il confié. Elle était pleine de joie parce qu’elle croyait avoir franchi le premier pas pour réaliser son rêve. «On peut coucher ensemble. Je suis ton mari», lui a-t-il chuchoté dans l’oreille. Une proposition qui n’a pas été rejetée par la jeune femme. Et par conséquent, il ne s’agissait plus d’un mariage blanc. Ils partageaient ensemble le même lit. Une quinzaine de jours plus tard, Mohamed a disparu. Où est-il parti ? La jeune femme n’avait pas de réponse. Au fil des jours, il n’a plus donné signe de vie. Elle le cherchait dans les quatre coins qu’il fréquentait. En vain. Quelques jours plus tard, il lui a téléphoné d’Italie et il lui a envoyé une somme de 2.500DH. Après, elle s’est adressée à l’un des deux témoins qui ont assisté à l’établissement de l’acte de mariage. Elle lui a demandé de l’aider à avoir une copie de cet acte. «Il n’y a ni acte de mariage, ni adoul… Il a joué le jeu pour t’arnaquer… », lui a-t-il répondu. Surprise, elle s’est adressée à la police judiciaire d’El Jadida pour déposer plainte. Quand Mohamed a regagné le Maroc, il s’est présenté de son propre gré devant la police. Il leur a affirmé l’avoir rencontrée dans un petit hôtel à Khouribga et qu’ils avaient passé quelques bons moments ensemble dans un appartement meublé. Ni plus, ni moins. Mohamed a été arrêté et traduit devant la justice. Quant à la jeune fille, elle est tombée enceinte.