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Pour se débarrasser de son ami, il le tue

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Nuit du dimanche 6 août, commissariat de police de la rue Zoubir Bnou Al Âouam, quartier des Roches Noires. Les inspecteurs de permanence reçoivent un appel anonyme: « Nous avons découvert un cadavre au bidonville R’hamna ». Leur interlocuteur n’en dira pas davantage. Les permanenciers alertent aussitôt leurs supérieurs qui leur enjoignent de se rendre sur les lieux. Entre-temps, le jour s’est levé sur le bidonville en question dont les habitants ne tardent pas à découvrir le cadavre. L’attroupement qui s’est formé autour de la dépouille mortelle voit soudain surgir la fourgonnette de la police. Les policiers commencent par disperser la foule avant de procéder aux constatations d’usage. Ils remarquent plusieurs blessures de deux à trois centimètres au niveau du ventre. Ils en déduisent que la victime a été mortellement atteinte par une arme blanche de très petite taille. L’enquête révèlera tout d’abord l’identité de la victime. Les policiers découvrent qu’il s’agit d’Abdelali K, âgé de dix-huit ans, célibataire, sans profession. Issu du bidonville R’hamna, il fréquentait souvent les carrières Bouih. Pourquoi donc ? Il se trouve que ce bidonville de Hay Mohammedi regorge de candidats à l’immigration clandestine. De jour comme de nuit, ils s’y rassemblent dans l’attente du passage d’un de ces camions de transport international routier dont le trajet traverse ce quartier.
Sans doute, Abdelali faisait-il partie de ces conquérants de l’Eldorado prêts à tout pour arriver en Europe. Et qui, faute d’une place à l’intérieur d’un conteneur, sont prêts à se contenter de s’abriter sous les ailes des roues voire sous le châssis d’un camion. Mais en fait, personne n’en savait assez sur Abdelali pour permettre aux enquêteurs de remonter la piste jusqu’à son ou ses meurtriers. Comment mener une investigation avec aussi peu d’informations ?
Jusqu’à ce témoignage providentiel que les inspecteurs de police obtiennent d’une jeune fille résidente du bidonville :
« J’étais à la fontaine publique, vers 2 h dans la nuit de dimanche à lundi, en train de laver un tapis quand un jeune homme est arrivé pour nettoyer ses mains maculées de sang… Il tenait un coupe-ongles dont la lame était dépliée et qui était également couverte de sang… Je lui ai versé de l’eau sur les mains… »
Les policiers pressent la jeune fille de questions. Celle-ci ne se fait pas prier pour y répondre : « Lorsque je lui ai demandé l’origine de tout ce sang, il m’a répondu avoir été agressé par un clochard qu’il a transpercé de la lame de son coupe-ongles. Si je le connais ? Bien sûr, c’est un voisin du bidonville qui s’appelle Al Mellass… »
Mais les policiers ont beau courir vers la baraque en question, pas de trace d’El Mellass à l’intérieur. Le jeune homme a disparu. Où donc ?  Ses parents, interrogés, répondent qu’ils ne lui posaient jamais de questions sur ses allées et venues. Une dizaine de jours plus tard, Al Mellass réapparait au bidonville en compagnie de Mourad, son plus proche ami.
Tous deux viennent de rentrer du Moussem Moulay Abdellah, dans la région d’El Jadida. Interpellés, ils sont conduits au commissariat du quartier des Roches Noires pour interrogatoires. Pris séparément, ils avouent tous les deux avoir eu une prise de bec avec Abdelali. Seulement, chacun se défend de l’avoir tué.
Les inspecteurs ont donc recours à une confrontation des deux «amis», qui va mettre un terme à leur échange d’accusations. Fatigué de nier, Al Mellass finit par cracher le morceau : «C’est moi qui l’ai tué parce qu’il insistait pour nous accompagner au Moussem de Moulay Abdellah… Je ne voulais pas de lui… Je lui ai demandé de nous laisser partir en paix… C’est alors qu’il a tenté d’arracher mon portefeuille que je portais en bandoulière… Je ne l’ai  pas supporté et je l’ai donc frappé de la lame de canif de mon coupe-ongles».
Al Mellass a multiplié les coups de canif jusqu’à faire passer le malheureux Abdelali de vie à trépas. L’autopsie révèlera cependant que le coup qui a transpercé le poumon gauche fut le seul fatal. Al Mellass et son ami Mourad ont été traduits le mois dernier devant la Cour d’appel de Casablanca, En attendant l’examen de leur dossier, ils sont détenus actuellement à la prison d’Oukacha.

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