Pour trente dirhams, ils tuent un jeune homme

Ils sont trois mis en cause : Abdelhak, Mohamed et Hamid. Âgés respectivement de vingt-huit, trente-deux et trente-trois ans, ils se tenaient, ce mardi, au box des accusés de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Ils sont poursuivis pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner. Il y a près d’une année que le cadavre d’un jeune homme a été découvert au quartier Sidi Othmane. Il a été évacué vers l’hôpital médico-légal d’Arrahma. Le résultat de l’autopsie était catégorique: mort non naturelle, survenue suite à une hémorragie. Autrement dit, le défunt a été blessé avant d’être abandonné à son sort. Depuis cette découverte macabre, les enquêteurs ont entamé une opération de ratissage de grande envergure pour au moins identifier les auteurs du crime. Mais en vain. Plusieurs vagabonds ont été interpellés. Mais, il s’est avéré qu’ils n’avaient aucun rapport avec le crime. Une semaine plus tard, un trio est venu sur les lieux. Est-ce l’un d’eux le meurtrier ? Ou tous les trois ? Ou personne parmi eux n’est le meurtrier ? Les limiers qui faisaient une ronde sont descendus du fourgon et ils se sont adressés au trio qui picolait. Qui sont-ils ? Que faisaient-ils ? Fréquentaient-ils souvent ce lieu et pourquoi ? Un tas d’interrogations ont permis aux enquêteurs de mettre l’index sur eux. Ils les ont interpellés et les ont martelés d’interrogations. Au bout d’une quinzaine de minutes, les trois jeunes hommes ont craché le morceau. Ce sont bel et bien eux qui ont tué l’homme. Comment l’ont-ils tué et pourquoi ?
Les trois amis, Abdelhak, Mohamed et Hamid s’enivraient ensemble le jour du crime. Seulement, au fil du temps, ils n’avaient plus de vin. Et ils n’avaient plus d’argent pour en acheter. Et la solution ? Il faut agresser. C’est à quoi ils ont pensé. Et ils sont passés à l’acte. C’était un quinquagénaire qui traînait ses pas. Le trio l’a vu. Abdelhak a pris l’initiative de s’approcher de lui. Sans lui adresser la parole, il a brandi un couteau. Craignant d’être poignardé, l’homme a reculé de quelques mètres. Abdelhak a continué à avancer vers lui, sans lui demander quoi que ce soit. À un moment, l’homme s’est arrêté, il ne savait pas ce qui lui arriverait. Abdelhak le regardait sans piper mot. L’homme l’a supplié de le laisser en paix. Sans lui permettre d’ajouter une autre phrase, Abdelhak lui a asséné un coup au niveau du genou. L’homme est tombé par terre en lançant un cri strident. Seulement, personne n’était sur les lieux. Les deux autres malfrats se sont approchés de lui pour fouiller ses poches. Ils n’ont trouvé que cinquante dirhams et quelques centimes. Ils l’ont abandonné pour emprunter une autre destination en quête d’une victime. Aussitôt, ils ont croisé un autre jeune homme. Abdelhak lui a mis un couteau sous l’aisselle. Quand le jeune homme a tenté de résister,  Abdelhak lui a asséné un premier coup de couteau au niveau de son bras. La victime a tenté de s’enfuir. Seulement, Mohamed et Hamid l’ont immobilisé en le mettant par terre. Abdelhak lui a asséné un coup au niveau de sa poitrine. La victime a rendu l’âme quelques secondes plus tard. Ils lui ont subtilisé une somme de trente dirhams et un téléphone portable. Ils ont nié, devant la Cour, avoir poignardé la victime. Ils ont affirmé à la Cour qu’il était blessé lorsqu’ils l’avaient croisé. Les trois mis en cause ont reconnu être des agresseurs, et non pas des meurtriers. Mais la Cour les a jugés coupables pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner et les a condamnés à dix-huit ans de réclusion criminelle.