La majorité des mis en cause impliqués dans des affaires de meurtre nie avoir voulu tuer leurs victimes. Ils prétendent souvent avoir l’intention uniquement de les «corriger». Mais, à leur insu, l’irréparable se produit.
Ce jeune homme, âgé de vingt-huit ans, qui comparaît devant les trois magistrats de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca, nie vouloir tuer son rival.
«Je voulais juste le menacer, M. le président», affirme-t-il à la Cour tout en exprimant son regret que leur relation qui a duré plusieurs années se termine par un drame.
Le mobile n’était qu’une somme de dix mille dirhams que le mis en cause avait prêtée à la victime, un jeune homme de vingt-six ans, employé de son état. Jouissant d’une bonne réputation, il n’a jamais fait de mal à personne.
«C’était une personne sans problème et qui respectait tout le monde, M. le président», témoigne le mis en cause devant les magistrats de la chambre criminelle.
Lui, également, était employé et sans problème, comme peuvent l’attester ses voisins du quartier.
«Il m’a expliqué que son frère est mouillé dans une sale affaire sans m’en dire plus et qu’il avait grand besoin de cette somme», raconte-t-il à la Cour.
Le mis en cause lui a remis les dix mille dirhams sans lui demander plus d’explications. Mais les mois passaient et la victime ne lui a pas encore rendu la somme.
«J’ai patienté durant plus d’une année…», poursuit le mis en cause.
Et de souligner que son rival était une personne de confiance. Seulement, il ne savait pas ce qui lui est arrivé pour qu’il s’abstienne de lui rendre son argent.
«Il m’a dit qu’il n’allait plus me rendre mon argent», se désole-t-il.
Hors de lui, ce dernier a téléphoné à son ami pour le menacer de le tuer.
«Je voulais juste le menacer», atteste-t-il tout en ajoutant qu’il ignore comment les choses ont viré au drame.
Tout est allé très vite. Dès que le mis en cause a commencé à menacer la victime, celle-ci lui a donné un coup de poing. Furieux, celui-ci lui a asséné un coup de couteau à la poitrine. La victime est tombée par terre avant qu’elle ne soit évacuée vers le service des urgences de l’hôpital Ibn Rochd, à Casablanca. Le lendemain, la victime a rendu l’âme et le mis en cause a été arrêté.
Après les délibérations, la Cour a rendu son verdict en jugeant le mis en cause coupable pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner et l’a condamné à dix ans de réclusion criminelle.