Faits-Divers

Séquestrée et violée pendant 15 jours

© D.R

Nous sommes en septembre 2005. Un homme se présente au  15ème arrondissement de police de Hay Hassani, à Casablanca. Il se présente comme étant officier de police mais surtout comme père de famille. Il demande au confrère qui le reçoit de lancer un avis de recherche pour sa fille, âgée de dix-huit ans, qui a disparu la veille. L’homme ne croit pas à une fugue. Il penche plutôt pour un enlèvement. Il a visiblement du mal à envisager que sa fille ait pu décider de quitter le foyer familial et malgré toute la charge dramatique de la seconde hypothèse, c’est celle-ci qu’il privilégie. Il sait pourtant, en sa qualité de policier, que toutes les hypothèses doivent être envisagées.
Toujours est-il que l’officier qui reçoit sa requête l’assure qu’aucun effort ne sera épargné pour lui permettre de retrouver sa fille : entre confrères, il faut s’entraider… Commence alors, pour ce père catastrophé, la longue suite des jours qui passent sans que l’enquête porte ses fruits. Le père s’arme donc de patience mais chaque minute vaut une heure et chaque jour, une éternité. Le plus pénible, ce sont pour lui ces questions sans réponse qui lui martèlent la tête et l’empêchent de trouver l’apaisement dans le sommeil. A ses côtés, comble de douleur, sa femme dont les larmes ne cessent de couler.
Au fil des jours, le père finit pourtant par se convaincre que sa fille a fugué. Jusqu’à ce jour dramatique, deux semaines après la disparition, où sa fille bien-aimée est de retour à la maison. Mais dans un état lamentable. Le visage ravagé de peine et de honte, les yeux baignés de larmes, les gestes incontrôlés, elle raconte ce qui lui est arrivé : elle a été enlevée, séquestrée et violée pendant tout ce temps.
Le père a du mal à accepter la réalité qui lui saute ainsi aux yeux. Il peine à admettre que sa fille ait pu être séquestrée quelque part dans son quartier. Il veut comprendre : pourquoi n’a-t-elle pas appelé au secours durant ces quinze jours ? Pourquoi n’a-t-elle pas profité d’une occasion ou d’une autre pour s’enfuir ? Il ne s’est donc trouvé personne, pendant tout ce temps, qu’elle aurait pu alerter? Face aux réponses de sa fille, qui décrit les conditions de sa séquestration, il finit par se résoudre à passer à l’action : conduire sa fille au commissariat et déclencher la chasse à l’homme pour retrouver le violeur.
Devant les policiers, la fille raconte ce qui lui est arrivé. Il était dix-huit heures trente, elle sortait de l’usine où elle travaillait. Une de ses collègues l’avait priée de l’accompagner faire une course, sans lui dire laquelle. Sans méfiance, elle avait accepté de la suivre, loin de se douter de ce qui allait se passer. Elle s’était retrouvée dans une ruelle du quartier Hay Hassani, face à un dealer auquel sa collègue avait demandé un morceau de haschich, avant de le payer et d’enfouir la drogue dans son sac. Stupéfaite, pétrifiée, elle avait gardé le silence. C’est alors que le cauchemar avait commencé.
Le dealer commence par lui empoigner la main en lui adressant un regard sans équivoque. Dans le même mouvement, l’homme arrache du doigt de la jeune fille la bague en or. Elle le prie de la lui rendre mais l’homme l’attire à lui et la force à s’asseoir. Elle réalise à ce moment que sa collègue a disparu et qu’elle est livrée aux griffes de cet inconnu.
Le dealer l’entraîne ensuite vers une destination qu’il lui annonce comme étant celui de sa mère, à laquelle il prétend vouloir la présenter. En pénétrant dans la maison où le dealer l’a entraînée, elle remarque que personne ne s’y trouve. Et tout de suite, il la force à se déshabiller sous la menace d’un couteau. S’ensuit un viol qui la réduit à néant. Elle n’est plus qu’un corps sans défense livré au caprice sexuel d’un prédateur sans pitié. Cela durera quinze jours.  Deux semaines de séquestration rythmée de vils quotidiens. Pour la rendre encore plus soumise ou ne plus avoir à la menacer de son couteau, l’homme la force à consommer de la drogue et de l’alcool. Il ne la relâchera qu’une fois rassasié.
C’est ainsi que tout le monde avait fini par croire que la jeune fille avait inventé cette histoire. Qu’elle était coupable, elle, d’avoir entretenu de mauvaises fréquentations. Alors que le vrai coupable n’avait pas été inquiété. D’ou ce sentiment de honte et d’injustice qui l’avait poussé à quitter son foyer pour aller chercher refuge ailleurs. Et finir par céder aux sirènes faussement réconfortantes de la drogue et de l’alcool, pour oublier les accusations de ses parents : si elle était tombée entre les griffes de cet homme, c’est qu’elle avait dû le chercher. La preuve, sa bague en or abandonnée au dealer.
Ce n’est qu’un an et trois mois après le drame que le violeur a été arrêté. Et que la jeune fille a pu se rendre dans un commissariat afin d’identifier son bourreau, épinglé pour trafic de drogue. Ce à quoi s’est donc ajouté une plainte pour séquestration et viol avec défloration.
Les parents de la jeune fille ont ainsi pu accueillir leur fille, avec la conviction retrouvée de sa vertu et de sa sincérité.

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