Trompé par son épouse et son ami intime, il tue le second

Une fois qu’il s’est assuré que l’alcool a fait son effet, qu’il ne pouvait se défendre, il l’a conduit vers un lieu isolé loin des regards des curieux. Là, il l’a assommé avec une pierre avant de l’égorger avec un couteau.

Crime passionnel : À Sidi Bennour, un Moqadem a tué son ami intime et ce, après avoir découvert qu’il le trompait avec son épouse. Il a été condamné à la perpétuité aussi bien en première qu’en seconde instance.

Nous sommes à la chambre criminelle, deuxième degré, à la Cour d’appel d’El Jadida. Mercredi 2 juillet 2025, un agent d’autorité, un Moqadem, âgé de quarante ans, père de deux enfants, se tient au box des accusés. Conscient de ce qu’il a commis, il espère néanmoins que la peine à perpétuité prononcée contre lui en première instance, il y a sept mois, précisément le mardi 3 décembre 2024, soit commuée en une durée de réclusion limitée. En effet, il a été jugé coupable et condamné selon les dispositions de l’article 392, aliéna 1, du code pénal qui stipule que «quiconque donne intentionnellement la mort à autrui est coupable de meurtre et puni de la réclusion perpétuelle… », mais il a interjeté appel.

En effet, le crime a été commis au mois d’août 2024 au douar El Maâdna situé à la localité Laâounate relevant de la province de Sidi Bennour. C’était le treizième jour de ce huitième mois de l’année dernière, lorsque ce Moqadem qui exerçait à la même localité a téléphoné à son chef, le Caïd, pour lui signaler un crime odieux. En effet, il a «découvert» le cadavre d’un homme, allongé sur le dos, la tête séparée du corps, au niveau d’un chemin adjacent à des champs agricoles. Le Caïd a alerté la gendarmerie royale et une brigade s’est dépêchée sur les lieux. La victime a été rapidement identifiée par les habitants du douar. Il s’agit d’un jeune homme, âgé de trente ans, qui demeure au même douar. Les investigations ont commencé et ont ciblé d’abord les proches du défunt dont le Moqadem. Ce dernier a affirmé qu’il était son ami intime, mais qu’il n’a pas eu de contact avec lui depuis quarante-huit heures. Toutefois, l’analyse technique du téléphone portable de la victime allait orienter l’enquête dans une toute autre direction. En effet, les enquêteurs ont découvert plusieurs appels échangés avec une femme, effectués dans les 48 heures avant le meurtre.

Qui est-elle ? Les enquêteurs ont eu rapidement la réponse : ce n’est autre que l’épouse du Moqadem ! Convoquée et interrogée sur sa relation avec la victime, elle a révélé sans détour une réalité qui pourrait choquer, en premier lieu son mari, à savoir qu’elle entretenait, depuis quatre mois, une relation extraconjugale avec la victime. Bref, le Moqadem a été trompé aussi bien par son épouse que par son ami intime. Toutes les pistes menaient donc vers l’agent d’autorité. Mais il a rejeté tout en bloc. Son téléphone portable a été soumis à une expertise technique. Le résultat a renforcé les soupçons des enquêteurs qui ont découvert des conversations tendues entre lui et la victime et sa recherche préalable sur Google portant sur «comment tuer sans laisser de traces». Confronté à ces preuves accablantes, le Moqadem a fini par cracher le morceau.

Se doutant que son épouse et son ami intime le trompaient, il avait envoyé à ce dernier un message sur WhatsApp pour connaître sa réaction. Par erreur, la réponse écrite par la victime, à savoir, «Ma chérie, regarde ce que ton mari m’a écrit», qui était destinée à la maîtresse, a été reçue par l’époux. Les soupçons du Moqadem étaient fondés. Il a décidé de se venger. La nuit du 12 au 13 août 2024, il a invité son ami à une soirée bien arrosée. Sur le lieu où son cadavre a été retrouvé, le Moqadem a été très généreux, il lui a servi plus de verres de vin rouge. Une fois qu’il s’est assuré que l’alcool a fait son effet, qu’il ne pouvait se défendre, il l’a conduit vers un lieu isolé loin des regards des curieux. Là, il l’a assommé avec une pierre avant de l’égorger avec un couteau.
Après les délibérations, la Cour a confirmé la peine rendue en première instance en condamnant le Moqadem à la peine à perpétuité.