Flagrant délit
Derrière les gestes quotidiens de cet anien employé de Lydec, c’est toute une double vie qui s’est révélée, bâtie dans l’ombre des transformateurs qu’il avait jadis pour mission de protéger.
Dans l’ombre des nuits casablancaises, il connaissait chaque serrure, chaque couloir métallique, chaque cliquetis de verrou comme la paume de sa main. Ancien technicien de Lydec, parti à la retraite avec ses secrets et surtout ses clés spéciales, il a longtemps échappé aux radars de la police avant que son stratagème ne s’effondre. Son terrain de chasse était les transformateurs électriques disséminés dans plusieurs quartiers de Casablanca. Des lieux qu’il pénétrait discrètement, en refermant la porte derrière lui, comme s’il reprenait un service qui n’était plus le sien. À l’intérieur, il dérobait méthodiquement des compteurs et équipements de haute valeur, soigneusement dissimulés dans un sac qu’il écoulait ensuite.
Des pertes de plusieurs milliers de dirhams qui ont alerté les sociétés gestionnaires du réseau, d’abord Lydec, puis la Société régionale multiservices Casablanca-Settat (SRM-CS). Les vols se multipliaient, toujours selon le même modus operandi, sans qu’on parvienne à mettre la main sur le coupable. C’est l’œil froid des caméras de surveillance qui a fini par briser le mystère. Une silhouette suspecte repérée aux abords d’un transformateur, une démarche familière aux enquêteurs. Diffusée parmi les équipes de police, l’image a permis l’identification du voleur. La traque s’est resserrée. Dernièrement, après plus de deux ans d’investigations, aux alentours de minuit, les limiers du district de la sûreté à Sidi Bernoussi ont encerclé un transformateur du quartier Sidi Moumen. Le technicien y était retranché. Craignant qu’il n’utilise le courant électrique comme ultime rempart, les agents ont attendu plus d’une heure, avant qu’il ne ressorte. L’homme a été arrêté sans résistance, pris avec une partie du matériel volé.
Son interpellation a ouvert une brèche : un receleur opérant sur un marché bien connu de la capitale économique a été également arrêté. Le suspect principal a été traduit devant la justice, avec son complice, alors que la Société régionale multiservices Casablanca-Settat, désormais gestionnaire du réseau, s’est constituée partie civile.














