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Un drame familial à Casablanca

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L’hadja, sexagénaire, avait l’intention de passer ce jour de l’Aïd Al Mawlid  Annabawi chez sa fille, également mère de famille. C’était la raison pour laquelle elle s’est rendue la veille, lundi 10 avril, chez elle. Elle l’a même aidée à préparer les gâteaux et les crêpes. Elle s’est endormie à une heure tardive. Elle avait pensé faire la grâce matinée ce mardi 11 avril. Cependant, le téléphone sonne ce matin.
L’un de ses deux enfants lui demande de les rejoindre au foyer paternel situé au quartier Essaâda, préfecture de Hay Mohammedi-Aïn Sebaâ, à Casablanca. Sans lui demander les raisons, cette mère de quatre enfants dont l’un d’eux souffre d’une maladie mentale, met sa djellaba et court à leur rencontre en prenant un taxi.
Le chemin lui semble très long. Elle demande au chauffeur de taxi d’accélérer le mouvement. Plusieurs interrogations lui hantaient l’esprit. Elle pensait surtout à son enfant malade mental. De temps à autre, le jeune homme souffre d’une crise hystérique. Il devient très violent et difficile à contenir. La pauvre mère craint le pire.
Un quart d’heure plus tard, elle arrive à la maison. « Que s’est-il passé ? Où est votre frère?», leur demante-t-elle. Ses deux enfants et son petit-fils ont gardé le silence pour quelques secondes avant que l’un d’eux ait le courage de lui lancer la mauvaise nouvelle : il est mort. La mère s’est effondrée sur place. Elle a perdu connaissance. Quelques minutes plus tard, elle se réveille. Après quoi l’hadja est rentrée à la chambre où se trouve le cadavre de son fils. Et elle a décidé enfin d’aller à la police. Pourquoi a-t-elle besoin de s’adresser à la police si sa mort est naturelle ?  Ou s’agit-il d’un crime ?
L’hadja est allée, ce matin de l’Aïd Annabawi, chez les éléments de la police de Hay Mohammedi-Aïn Sebaâ. « Mon fils est mort », a-t-elle déclaré au chef du district. Pourquoi l’a-t-elle informé de la mort de son fils s’il est décédé naturellement ? Et pourquoi attend-elle l’autorisation de la police pour qu’elle commence les procédures administratives avant son enterrement ? Une brigade policière l’a accompagnée à la maison. Elle a entamé le constat d’usage : du sang au niveau du crâne et des égratignures sur tout le corps. Que s’est-il passé au juste ?
L’hadja qui n’a pas passé la nuit chez elle leur a répondu qu’elle ignore les causes et les circonstances de la mort de son fils malade et leur a précisé qu’une crise d’hystérie l’attaque de temps en temps. Les témoignages des deux fils et du petit-fils n’ont rien d’intéressant pour l’enquête. Le cadavre a été évacué vers l’institut médico-légal pour l’autopsie.
La conclusion consignée sur le rapport de l’autopsie, soumis le lendemain, mercredi 12 avril, au chef du district est catégorique : la mort n’est pas naturelle. Dans le rapport, le médecin légiste qui a effectué l’autopsie a révélé que le crâne du défunt a été gravement blessé. Sa colonne vertébrale a été fracturée. Le rapport évoque la possibilité que la victime ait été ligotée par ses mains et ses pieds. Suite à ces révélations, les enquêteurs ont conclu qu’il s’agit d’un crime.
Qui l’a commis ? Et quelles sont les raisons? Et pourquoi la mère, ses deux enfants et son petit-fils tentaient-ils de le camoufler ?
Soumis aux interrogatoires serrés, ils ont craché le morceau. Ils ont avoué que, vers 23 h du lundi 10 avril, l’enfant, malade mental, a été victime d’une crise. Ses deux frères ont réussi de le calmer un moment. Il s’est plongé dans un profond sommeil. Seulement, il s’est réveillé vers 3 h du matin du mardi pour commencer à crier et à les menacer. Les deux frères et leur neveu sont arrivés à l’immobiliser en lui ligotant les mains et les pieds.
Un quart d’heure plus tard, il a réussi à détacher les cordes et a tenté de se jeter par la fenêtre.
L’un des deux frères est intervenu pour l’empêcher. Malheureusement, ils sont tombés tous les deux du premier étage.
L’autre frère et son neveu sont descendus. Ils ont remarqué que leur frère, malade mental souffre d’une grave blessure à la tête. Alors que le second est saint et sauf. Tous les trois ont évacué le frère malade à sa chambre. Le lendemain matin, ils le trouvent mort. Ils appellent leur mère. Cette dernière a nettoyé la chambre et a changé les couvertures pour ne laisser aucune trace de sang. Une version qui n’a pas convaincu les enquêteurs. L’hadja, ses deux enfants, son petit-fils ont été traduits devant le parquet général près la Cour d’appel de Casablanca. Ils sont poursuivis pour homicide volontaire, complicité à la torture, non-assistance d’une personne en danger, non-dénonciation d’un crime et déguisement des traces d’un crime.

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