Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Comme tous les jours, la salle d’audience est archicomble. Au box des accusés, se tenait un jeune homme, Saïd, âgé de trente-huit ans. Avant son incarcération, il gérait un café situé à la rue La Croix-Rouge, en ancienne médina, à Casablanca. Si le rez-de-chaussée de ce café était aménagé pour accueillir les clients, le premier étage était réservé pour les enfants désirant jouer à la Playstation. C’est à côté de ces enfants que Saïd passait la majorité de son temps. Autrement dit, il ne descendait que rarement au rez-de-chaussée. Pourquoi ? Pour lui, il devait être près des enfants turbulents pour les empêcher de détériorer les appareils. Mais, ce qui a été révélé par un enfant du quartier prouvait le contraire. Peu importe le nom de cet enfant puisqu’il est encore mineur. Mais, qu’est-ce qu’il a révélé ? C’était l’après-midi, quand il a demandés à sa mère deux dirhams. Elle les lui a donné sans la moindre hésitation. Aussitôt, l’enfant a pris le chemin du café de la rue La Croix-Rouge. Une heure plus tard, il est retourné chez lui dans un état lamentable. Qu’est-ce qui lui est arrivé ? Sa mère l’a serré entre ses bras. Il pleurait sans lui dire le moindre mot. Tout calmement, elle l’a convaincu de lui révéler ce qui lui a été arrivé. «Quand je jouais à la Playstation, Saïd m’a demandé de le rejoindre dans un coin du café… J’ai refusé… Après quoi, il m’a demandé de s’approcher de lui… », a-t-il balbutié à sa mère tout en gémissant. Innocemment, l’enfant s’est approché de Saïd. «Attends moi ici, je vais te chercher un petit cadeau… », lui a chuchoté Saïd dans l’oreille. L’enfant l’a attendu jusqu’au moment où deux enfants qui jouaient sont partis. Saïd est resté avec l’enfant. Il lui a proposé cinq dirhams pour l’accompagner à l’intérieur des toilettes. L’enfant a accepté en ignorant ce qui pourrait lui arriver. À l’intérieur, il l’a obligé à déboutonner son petit pantalon pour abuser de lui. Il ne l’a relâché qu’une fois après avoir eu son orgasme. «Non, M. le président, je ne lui ai rien fait… C’est un coup monté contre moi… », a déclaré Saïd devant la Cour. Mais le témoignage d’un autre enfant, la deuxième victime, ne lui a pas donné de chance pour se disculper. Sont-ils les seuls enfants qui étaient tombés dans le filet de ce pédophile? Peut-être non. Et pourtant, il a continué à se disculper. Une disculpation qui n’a pas convaincu la Cour. Saïd a été condamné à dix ans de réclusion criminelle.