C’est dans la région de Sidi Ahmed Ombarek, Tamanar, province d’Essaouira que Samira a vu le jour, il y a seize ans. Dans un foyer conjugal où l’échange d’invectives, d’injures, les querelles, les disputes et toutes autres sortes de violence morale et matérielle sont les ingrédients quotidiens, Samira n’avait jamais connu un moment de bonheur. Son malheur s’est empiré après le divorce de ses parents.
Par la force du droit, elle devait rester en compagnie de sa mère. Malheureusement, elle ne l’a pas emmenée avec elle. Elle a été prise en charge par son père. Etait-il en mesure d’assumer jusqu’au bout sa responsabilité de père? La réponse de Samira était négative.
Pourquoi ? C’est au début du mois de février qu’elle s’est dépêchée au poste de la Gendarmerie royale de la région et a déposé une plainte dans laquelle elle accuse son père d’inceste.
«Mon père abuse de moi depuis longtemps », a-t-elle balbutié au chef de la brigade qui l’a réconfortée pour qu’elle lui raconte toute l’histoire. Les limiers de la Gendarmerie royale se sont dépêchés au domicile du père pour l’arrêter.Mais en vain. Il n’y était pas. Où était-il parti ? Les investigations ont été entamées pour déterminer le lieu où il se cachait.
Deux semaines plus tard, des informations indiquaient que le père se trouvait dans une maison dans la région de Lakliâa, Inzegane, province d’Agadir.
À bord de leur Jeep, les enquêteurs ont emprunté le chemin à destination de Lakliâa. Effectivement, le père se trouvait dans la maison et a été conduit à la région de Tamanar. Etait-il vraiment incestueux? «Non», a-t-il répondu. Pourquoi a-t-il pris la fuite quand sa fille a déposé plainte? Une question à laquelle il n’avait pas de réponse.Et il a fini par lâcher le morceau. Il a avoué avoir violé sa fille alors qu’elle était âgée de moins de dix ans. «Je n’ai pas réussi à me contrôler car j’étais dans un état d’ivresse avancé», a-t-il prétendu.
A-t-il cessé d’abuser d’elle quand il a repris conscience? Non, a-t-il répondu, tout en précisant qu’il abusait d’elle par «frottement». À son douzième printemps, elle a été violée par un jeune du douar, a expliqué le père. Ce dernier a ajouté que depuis, il partageait avec elle le même lit.« Et ce, en son plein gré !», a-t-il précisé sans vergogne devant les enquêteurs. Peut-on parler d’entente dans une relation incestueuse dont la victime est une mineure ?