À Sidi Taybi dans la province de Kénitra, une adolescente voilée a disparu. Retrouvée chez son petit ami, elle a révélé un drame plus ancien : un viol commis par son oncle dix ans plus tôt.
Au village Sidi Taybi relevant de la province de Kénitra, la rumeur ne cessait de se propager : une adolescente, quinze ans à peine, un visage qu’on ne voyait jamais sans le niqab, avait disparu de chez elle, sans prévenir, au grand étonnement de son père barbu et pieux. En effet, chez elle, aucune femme ne doit sortir sans porter le voile et aucun membre de la famille ne doit rater au moins les cinq prières de la journée. Chez elle, tout est mesuré, aussi bien les mots que les gestes suivant les règles de l’Islam. Où est-elle allée ? A-t-elle été kidnappée et séquestrée ? Aurait-elle fugué ? Les gendarmes ont été avisés par le père. Mobilisés, ils ont procédé à des fouilles dans les quatre coins de la région et des interrogatoires des personnes suspectes. Au fil des jours, on redoutait le pire. Huit jours de recherches, de soupçons et d’attente. Puis, au matin du neuvième, la mineure a été retrouvée chez un jeune homme au douar Oulad Boutaleb de l’Est. Que faisait-elle chez lui ? L’avait-il séquestrée ? Non. Car, lors de son interrogatoire par les gendarmes, elle a révélé qu’elle entretient une relation amoureuse avec lui. Selon elle, sa mère l’avait surprise en pleine conversation téléphonique avec lui via WhatsApp, et craignant que son père, connu pour sa rigueur et son attachement aux traditions religieuses, soit informé, elle a décidé de s’enfuir avec son petit ami, malgré leur différence d’âge.
Soumis aux interrogatoires, le jeune homme a confirmé aux enquêteurs que l’adolescente était partie volontairement avec lui. Elle refusait même de revenir chez sa famille, a–il précisé.
Soumise à un examen médical ordonné par le parquet général près la Cour d’appel à Kénitra, il s’est avéré qu’elle n’est plus vierge. Le rapport du médecin légiste a révélé également qu’elle a subi une atteinte à son intégrité sexuelle bien avant cette relation. Lorsqu’elle a été interrogée sur l’auteur de cet acte, elle a dit la vérité : ce n’était pas son petit ami, mais son oncle, il y a dix ans, alors qu’elle n’avait que cinq ans. La victime a expliqué que son oncle l’avait agressée sexuellement dans une écurie de leur ancien village, Ezzhiliga, qui relève de la province de Khémisset. Ayant dix-neuf ans à l’époque, il avait profité de sa faiblesse pour abuser d’elle sexuellement, lui causant une douleur intense et des saignements, et lui avait ordonné de ne jamais révéler l’incident à la famille.
L’adolescente a tenu à disculper son compagnon actuel, affirmant que leur relation était consensuelle et qu’il ne l’avait pas agressée. Les parents ont confirmé que l’oncle mis en cause, désormais âgé de vingt-neuf ans et travaillant dans une unité industrielle de confection à Casablanca, est un salafiste également. Ils ont fourni les informations nécessaires pour que la gendarmerie de Sidi Taybi puisse aller le chercher à Casablanca et l’interroger officiellement. Ce dernier a reconnu spontanément les faits, racontant comment il avait conduit sa nièce dans une écurie pour la violer. Suite à l’enquête, il a été directement renvoyé devant le parquet général près la Cour d’appel de Kénitra.Quant au jeune homme, il a été traduit devant le procureur du Roi près le tribunal de première instance.














