Sous l’effet de l’alcool, les deux amis ont de façon dramatique mis fin à leur relation d’amitié qui a duré depuis leur enfance jusqu’à leurs vingt-huit ans. L’un a été enterré et l’autre incarcéré.
Sur un ton qui exprime son regret, ce jeune homme, âgé de vingt-huit ans, ne nie pas avoir donné un coup de couteau à son ami lorsque le président de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca l’interroge s’il a poignardé son antagoniste ou pas.
«Mais je n’avais pas l’intention de mettre fin à sa vie, M. le président», balbutie-t-il. Le président de la Cour lui explique que l’acte d’accusation ne signale effectivement que le crime de coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner. «Je ne pensais pas qu’il allait mourir», ajoute-t-il lors de son interrogatoire. Lors d’un moment de colère aveugle, il a saisi un couteau, continue-t-il d’expliquer à la Cour, et a asséné un coup à son ami.
Employé de son état, il rencontrait de temps en temps son ami, ayant le même âge que lui, à savoir vingt-huit ans, pour passer de «bons» moments. «Je lui rendais visite chaque samedi», affirme-t-il devant la Cour.
En effet, ils sont originaires de Hay Hassani, à Casablanca. Tous deux y sont nés et y ont grandi. Bref, ils étaient voisins du quartier. L’un d’eux s’est marié et a déménagé du quartier. Mais trois ans plus tard, il a répudié sa femme. En fait, la relation entre le mis en cause et son ami n’a jamais, durant les trois ans du mariage de ce dernier, été rompue. De temps en temps, ils se rencontraient pour prendre ensemble un verre dans un bar. «Après sa répudiation, il a commencé à m’inviter à s’enivrer chez lui», précise le mis en cause qui confirme qu’ils se rencontraient chaque fin de semaine, notamment les samedis. Selon ses déclarations devant la Cour, tous deux n’ont jamais eu de problèmes. Ils ne se sont jamais disputés tout au long de leurs rencontres. Un jour, raconte-t-il, ayant trop levé le coude, la victime lui a demandé s’il a tenté une fois de harceler son ex-épouse lorsqu’il l’a croisée au centre-ville. Il a paru étonné d’entendre son ami lui demander pareille chose. En poursuivant ses aveux, il affirme que son ami lui a révélé que c’est son ex-épouse qui lui a confié ce secret.
«Ce n’est pas vrai, M. le président…Je ne sais pas pourquoi elle a inventé cette histoire», affirme-t-il à la Cour tout en précisant que son ami l’a poussé violemment avant de le traiter de perfide. «J’étais furieux lorsqu’il m’a poussé. J’ai saisi un couteau qui était sur la table et je lui ai donné un coup», tout en regrettant de l’avoir fait. Après quoi, il s’est présenté de son plein gré devant la police. Verdict : Dix ans de réclusion criminelle après avoir bénéficié des circonstances atténuantes.