Ce jeune repris de justice qui a déjà purgé une peine d’emprisonnement pour complicité au vol qualifié et coups et blessures a décidé, alors qu’il était en prison, de se venger de celui qui a révélé son identité à la police.
«Non, je n’ai rien dit à la police M. le président», affirme à la Cour ce jeune homme, âgé de vingt-quatre ans, qui comparaît, en état d’arrestation, à la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Seulement, le président de la Cour rétorque en lui expliquant que sa signature apposée sur le procès-verbal de son audition prouve qu’il a déjà lu et approuvé ses déclarations.
«La police m’a obligé à le signer», proteste-t-il. Le président lui demande alors pourquoi il n’a pas informé le substitut du parquet général devant lequel il a comparu après l’expiration de la durée de la garde à vue. Mais le jeune homme, poursuivi pour homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, garde le silence.
L’affaire a éclaté lorsqu’un cadavre d’un homme a été découvert au coin d’une ruelle de Hay Moulay Rachid, à Casablanca. Le cadavre portait des traces de violence, notamment deux graves blessures à la poitrine et la tête. Aussitôt, une enquête est diligentée par les éléments de la police judiciaire. Ils arrivent, moins de vingt-quatre heures plus tard, à tirer l’affaire au clair en arrêtant le mis en cause. Certes, ce dernier a nié, au départ de son interrogatoire, être l’auteur du crime, Mais il n’a pas remarqué un témoin qui l’a vu depuis une petite fenêtre, vers 3 h du matin, en train de se débarrasser du cadavre. Un témoin qui est resté anonyme et qui les a conduits à l’identifier et l’arrêter.
Dos au mur, il a craché le morceau. A ce propos, il a affirmé aux enquêteurs que la victime l’avait «balancé» aux policiers lors d’une affaire de vol qualifié et qui lui a coûté une année et demie de prison ferme. Depuis, il a décidé de se venger de lui. Quittant la prison, il a fait semblant de lui avoir pardonné. En fait il s’agissait d’une ruse pour le mettre dans ses filets. Pour passer à l’acte, il l’a invité à une soirée à deux bien arrosée. Dans la chambre du mis en cause tout a été préparé.
Dès que la victime a commencé à perdre conscience, le mis en cause lui a donné plusieurs coups, jusqu’à ce qu’il ait rendu l’âme. Il a attendu jusqu’à 2 h 30 du matin pour porter le cadavre enroulé dans un drap à bord d’un caddie qu’il semble avoir volé d’un hypermarché et qu’il a gardé chez lui. Il a conduit le chariot jusqu’au coin de la ruelle pour se débarrasser du cadavre. Il s’est également débarrassé du chariot et de l’arme du crime. Mais ils ont été retrouvés dans un dépotoir public.
Verdict : Jugé coupable pour les accusations qui lui ont été attribuées, le mis en cause a été condamné à la réclusion à perpétuité.
