Le rapport du médecin légiste confirme le viol et la perte de virginité de cette adolescente de 15 ans. Pourtant le verdict ne tombe que lorsque la fille vient d’avoir ses dix-neuf printemps. Si l’instruction dure au maximum une année, pourquoi l’examen de l’affaire par la Cour a-t-il duré 3 ans ?
C’est en 2019 que cette affaire éclate à Salé. Ce père de famille se rend en compagnie de sa fille, âgée de quinze ans, au commissariat de police pour porter plainte contre son ami, un tailleur sexagénaire, l’accusant d’avoir violé sa fille. Ce père de famille qui n’a jamais imaginé que son ami de plusieurs années pourrait, un jour, le tromper ou lui faire du mal ou à sa famille, semble avoir des difficultés à révéler ce qui est arrivé à sa fille surtout que c’était lui qui l’a mise entre ses mains comme s’il lui avait donné un cadeau.
Reprenant son souffle, il explique aux enquêteurs que sa fille avait des crises d’épilepsie. Elle perdait connaissance pendant quelques moments et de la salive apparaissait au bord de ses lèvres. Croyant qu’elle était possédée, il a recouru à son ami intime, le tailleur, afin de l’aider à trouver une solution qui puisse la guérir. Le tailleur lui a proposé de l’emmener chez un fkih pour l’exorciser. Ayant une confiance aveugle en lui, il lui a confié sa fille afin de l’emmener chez le fkih. Effectivement elle a été soumise à une séance d’exorcisme, mais au lieu de la rendre à son père il l’a conduite vers son local aménagé pour la couture traditionnelle dans l’ancienne médina de Safi. Sans vergogne et sans pitié il l’a violée, lui faisant perdre sa virginité. Il l’a même photographiée avec son téléphone portable. Et depuis, il a continué à abuser d’elle chaque fois que son ami le chargeait de l’emmener chez le fkih. Il la menaçait de publier ses photos si elle ne lui cédait pas. Une torture sexuelle et psychologique sans fin que l’adolescente n’arrivait plus à supporter. Elle a fini par révéler le terrible secret à sa mère qui a à son tour informé son mari… Le pédophile a été arrêté et traduit devant le parquet général près la Cour d’appel de Rabat et ensuite devant le juge d’instruction qui ne doit pas dépasser, selon les dispositions de la procédure pénale, une année d’instruction avant de mettre le dossier entre les mains de la chambre criminelle. Il fallait attendre le dernier jour du mois de mai dernier pour que la Cour statue sur cette affaire en condamnant le mis en cause à quinze ans de réclusion criminelle.
