«Au lendemain du 16 mai 2003, beaucoup de gens étaient traumatisés, y compris dans les partis politiques. Le slogan, alors proclamé, était se rappeler pour que ça n’arrive plus jamais. Trois ans plus tard, ce devoir de mémoire s’impose non seulement pour rendre hommage aux victimes mais aussi et surtout pour ne pas être surpris si par malheur cela arrivait une autre fois », prévient Salah Sbyea, membre de l’Organisation marocaine de lutte contre la haine et le racisme qui organise un sit-in, aujourd’hui à 18H30, devant la stèle inaugurée, en avril 2004 sur la place Mohammed V, à Casablanca, par SM le Roi Mohammed VI et le Premier ministre espagnol Jose Luis Zapatero, en souvenir de l’acte odieux qui a endeuillé une trentaine de familles, marocaines et étrangères. Au-delà de la stèle, d’autres endroits abriteront plusieurs manifestations en commémoration des horribles attentats qui ont secoué Casablanca un jour de printemps, le noir vendredi 16 mai 2003. Le Musée du judaïsme marocain, entre autres institutions, prévoit, dimanche 21 mai, plusieurs rencontres-débat autour de cet événement tragique. A rappeler que le Secrétariat d’Etat chargé de la Jeunesse avait organisé, les 13 et 14 mai courant, nombre d’activités dans différentes villes du Royaume sous le thème « Non au terrorisme… Oui à la vie ». S’agissant de « terrorisme », il n’est pas derrière nous. «Il est toujours là », avertit M. Sbyea. La vigilance devra rester de mise. L’action, aussi. Or voilà, au-delà du simple et néanmoins très significatif acte commémoratif du 16 mai, l’action sur le terrain, -faut-il l’occulter, est restée timide. Les partis supposés être en pointe dans le combat contre l’intégrisme ont pratiquement abandonné le combat face à des idées destructrices que les nouveaux messies de l’obscurantisme présentent, tendancieusement, comme des «valeurs éthiques». Profitant du désert (intellectuel) qui sévit, lamentablement, sur le champ politique, les gourous de « l’islamisme modéré» au Maroc continuent de prêcher leur idéologie haineuse contre tous les symboles de la vie. Les attaques venimeuses qu’ils ont menées, par média interposé, contre l’art et la culture, montrent, à qui veut bien voir, que le « processus de kabolisation » continue de guetter notre pays.
Les stratèges du « grand soir», qui tentent de se faire passer, insidieusement, pour des «islamistes light», ne ratent aucune occasion pour instiller leur poison prônant le mépris de la vie, la haine aveugle envers des personnes dont le tort, paraît-il, est d’appartenir à une autre confession que celle du musulman… En plus de cela, il faut ajouter les multiples procès en apostasie, l’approche de délation suivie pour museler toute expression de talent, d’intelligence, ou d’innovation, dans les milieux de création (art et culture), et ailleurs, on a vraiment de la peine à croire si l’on est à l’abri. Voilà, les intégristes ont redressé la tête après avoir fait profil bas au lendemain des attentats de Casablanca. L’acharnement quasi-hystérique contre «Marock», un film qui se veut ni plus ni moins un hymne à la liberté, illustre parfaitement ce que certains intellectuels appellent, -et pas vraiment à tort-, une sorte d’infantilisme pathologique. Cet archarnement a les allures d’un appel à la violence à peine voilé. Le discours intégriste, puisque c’est par là que tout peut arriver, sachant bien que tout intégrisme commence par des mots, peut engendrer des effets gravissimes pour un Maroc en pleine transition.