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50 années de ratages socio-économiques

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Les cinquante années de l’Indépendance ont connu des avancées mais surtout des retards économiques, sociaux et éducatifs. Et à ce sujet, le rapport n’y est pas allé de main molle. « Au début des années 80, le système éducatif est entré dans une longue crise». Conséquences : les déperditions scolaires, la rechute des déscolarisés dans l’analphabétisme et l’illettrisme, le recul du sens civique et de l’esprit critique, le chômage des diplômés des universités, la faiblesse des apprentissages fondamentaux (lecture, écriture, calcul, langues, communication). Le cumul de plusieurs années de laisser-aller n’a pas pu être corrigé malgré l’important effort consenti dans les domaines de la formation des cadres et de la formation professionnelle, la charte nationale de l’éducation (COSEF) notamment.
«Les carences accumulées, jointes aux retards considérables pris en matière d’alphabétisation, se répercutent négativement sur tous les domaines de la vie sociale, politique et économique», constate le rapport. Autre secteur dont les cinquante dernières années ont connu une gestion catastrophique n’est autre que la santé.
De grands pas ont certes été franchis, différentes maladies et épidémies, qui ravageaient jadis le pays, ayant été éradiquées, mais de sérieux problèmes demeurent toujours à l’ordre du jours des politiques sanitaires. «Une nouvelle stratégie de réorganisation, de financement et de gestion du système de santé publique s’impose, non seulement pour prévenir sa dégradation, mais aussi pour la hisser à un niveau répondant aux besoins de développement humain des populations ». C’est dans ce cadre qu’entre l’avènement, depuis peu de manière progressive, de l’Assurance maladie obligatoire. Des réformes qui ne peuvent aboutir sans une bonne gouvernance à même de définir « un cadre stratégique d’action et une vision globale du système de santé. Un impératif également sur le plan économique.
A ce niveau également, le potentiel humain a pendant longtemps été mis à l’écart. Et le résultat n’en est autre qu’un taux de pauvreté très élevé et handicapant toute politique de développement humain. Depuis les années 50, le nombre absolu de personnes pauvres s’est maintenu autour de cinq millions en moyenne, dont près des trois quarts vivent dans le monde rural. «Hormis des formes de générosité publique et d’aides étatiques, tel que le soutien du prix des produits alimentaires de base, la lutte systématique contre la pauvreté est une préoccupation récente des politiques publiques; encore que ces politiques soient restées insuffisantes et peu fondées sur le principe du renforcement des capacités des personnes à se prendre elles-mêmes en charge sur la durée», ne manque pas de relever le rapport. Le diagnostic du rapport sur le développement humain est clair. Les différents déficits sont à imputer à plusieurs facteurs. Depuis l’Indépendance, une grande importance a été accordée aux méga-projets, censés induire un développement diffusé.
«Les zones éloignées et les populations démunies ne bénéficiaient pas automatiquement des retombées positives des barrages, des routes ou du réseau électrique», et ce, même si «de tels projets, à l’instar des grands barrages, ont de toute évidence contribué à assurer au pays une sécurité hydraulique, dans un contexte de sécheresse récurrente. Ainsi a pu se développer l’agriculture irriguée et être assuré l’approvisionnement régulier des villes en eau potable».
Autre raison de ce retard pris dans des secteurs pourtant stratégiques, cet «égalitarisme systématique voulant qu’un service standard soit assuré à tous, soit gratuitement, soit au meilleur prix pour tous». En outre, les citoyens ont toujours en tête cette confusion entre service public et service directement rendu par l’Etat. Et l’analyse de mettre en exergue que l’idée de faire contribuer les usagers au financement des services de base, avec une facturation différenciée et progressive, a tardé à s’imposer et à être mise en œuvre. Même l’association de l’action des populations, des opérateurs privés et des ONGs, pourtant très fructueuse à l’étranger, n’a commencé à se développer que dernièrement.

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