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66.000 bonnes piégées par la misère

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L’organisation "Human Rights Watch" (HRW) vient de présenter les résultats d’une étude effectuée sur le terrain par ses services concernant les conditions de travail des enfants au Maroc.
Le résultat révèle au grand jour la souffrance qu’endurent ces enfants notamment les petites bonnes. Cette organisation américaine, œuvrant dans le domaine de la défense, la promotion et la protection des droits de l’Homme dans le monde, tire la sonnette d’alarme sur la situation du travail de ces enfants au Royaume. La situation est qualifiée d’alarmante. Dans un rapport présenté mardi 20 décembre lors d’une conférence de presse, tenue à Casablanca, elle dénonce l’ampleur de la violence et de la maltraitance des enfants travaillant comme domestiques. Selon cette association, ces mauvais traitements, subis par ces enfants, revêtent différentes formes. Les rédacteurs de ce document de 60 pages, intitulé "A la maison, hors la loi : le cas des enfants domestiques maltraités au Maroc", déclarent que "des dizaines de milliers de filles travaillant comme domestiques au Maroc sont victimes de mauvais traitements physiques et psychologiques ainsi que d’exploitation économique". En termes de chiffres, 11 % des enfants âgés de 6 à 15 ans travaillent au Maroc, ce qui correspond à quelque 600 000 garçons et filles, dont près de 66.000 "petites bonnes". "Ce chiffre représente l’un des taux les plus élevés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. En Egypte, le taux est de 6 % et pourtant fait scandale.", a affirmé Clarissa Bencomo, chercheuse chargée par HRW des droits de l’enfant dans cette région et auteur dudit rapport.
L’enquêtrice dénonce également les conditions inhumaines dans lesquelles vivent ces petites filles. Mme. Bencomo assure que ces petites triment toute la journée, bien au-delà de la tombée de la nuit. Malgré leurs petits corps, elles assument des travaux rudes, à peine nourris, sans soins ou éducation.
"Les petites bonnes marocaines travaillent 126 heures par semaine et subissent des violences physiques et sexuelles de leurs employeurs. Elles triment entre 14 et 18 heures par jour durant toute la semaine et sans aucun repos.
Elles reçoivent uniquement 4 dirhams par jour.", ajoute-t-elle. Le rapport comporte également des témoignages poignants de petites bonnes qui décrivent les abus physiques et verbaux fréquents, le refus d’éducation, de nourriture et de soins médicaux appropriés.
Par ailleurs, l’organisation américaine HRW reproche dans son rapport au "gouvernement marocain le peu d’ardeur à combattre les pires formes d’exploitation des enfants employés comme domestiques". "Le droit marocain refuse à ces enfants les droits élémentaires du travail, et les autorités punissent rarement les employeurs qui les maltraitent.", lit-on dans le rapport.
La police, le ministère public et les juges font, selon HRW, rarement appliquer les clauses du Code Pénal sur les abus contre les enfants domestiques. 0Les auteurs du document n’ont pas oublié également d’émettre des recommandations aux différentes institutions nationales dont le gouvernement marocain, le Parlement, le ministère de la Justice et le ministère chargé du Développement social et de la Famille.
L’organisation Human Rights Watch appelle le gouvernement marocain à fixer à 15 ans pour tous les enfants qui travaillent et à garantir aux travailleurs domestiques les mêmes droits qu’aux autres ouvriers.
Elle insiste en outre sur la mise en place des mesures concrètes pour éliminer les pires formes du travail des enfants employés comme domestiques, et la création d’un arsenal juridique pour sanctionner les employeurs et les recruteurs de mains-d’œuvre qui maltraitent l’enfance. 

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