C’est à Madrid que le patron du renseignement marocain a choisi de riposter à l’affaire engagée par le juge espagnol Baltasar Garzon contre des responsables marocains. Se trouvant, mercredi en Espagne dans le cadre d’une visite de travail, Yassine Mansouri a annoncé sa décision de poursuivre en justice les auteurs de la plainte le mettant en accusation, avec d’autres responsables marocains, pour de prétendus «délits de génocide au Sahara». «Mon nom a été cité et un tel préjudice, qui vise à porter atteinte à mon honneur et salir ma personne, ne peut être passé sous silence et doit être aujourd’hui dénoncé», a déclaré M. Mansouri, à l’AFP. «Je me réserve le droit d’obtenir réparation du préjudice moral qui m’a été causé en chargeant mes conseils d’introduire une action en dénonciation calomnieuse contre ces associations et ces personnes, dont on connaît l’origine et l’orientation, qui s’affairent maladroitement à manipuler l’histoire et la vérité», a annoncé M. Mansouri qui avait été cité dans la plainte initiale déposée en 2006 par des personnes à la solde de la direction du Polisario, s’estimant victimes d’un soi-disant «génocide au Sahara». Le flamboyant juge madrilène, Baltazar Garzon, a accepté le 30 octobre dernier d’instruire cette plainte déposée contre 13 personnes, dont de hauts responsables marocains en fonction et des ex-commis de l’Etat, auxquels les plaignants attribuent la responsabilité de la disparition présumée de 500 Sahraouis entre 1976 et 1987 au Sahara. Il s’agit du commandant de la Gendarmerie royale, le général Housni Benslimane, de l’ancien directeur de la Sûreté nationale, Hafid Benhachem, de l’ancien patron de la DST, Abdelaziz Allabouch, ainsi que des officiers de la Gendarmerie royale et de la Sûreté nationale. Le juge Garzon a néanmoins épargné 11 autres personnalités marocaines citées par les plaignants, dont l’inspecteur général des Forces auxiliaires, le général Hamidou Laânigri, et Mohamed Yassine Mansouri. Le juge espagnol s’apercevra que l’actuel patron de la DGED était encore étudiant au moment où les «faits» reprochés auraient eu lieu. Il n’avait d’autre choix que d’épargner ce dernier, puisque «le contraire l’aurait ridiculisé», a estimé un observateur marocain, dans une déclaration à ALM. «Il est heureux que la justice espagnole se soit finalement aperçue que la plainte en question concernait l’enfant âgé d’une douzaine d’années que j’étais dans les années 1970», a affirmé M. Mansouri, en disant éprouver «mépris et ressentiment face à de telles accusations graves» dont le but, non déclaré, est de «bafouer» l’honneur des citoyens marocains. Reste que cette vérité vraie n’est pas entendue de cette oreille par le très médiatique juge Garzon. «Quand un juge se rend compte que la moitié de la liste des accusés par les plaignants est non fondée et que la plainte compte plusieurs contradictions, il est censé rejeter toute l’affaire étant donné qu’elle sent la calomnie», avait indiqué un juriste marocain dans une déclaration à ALM. Une chose, cela étant, reste sûre: l’instrumentalisation politicienne de cette affaire ne laisse aucune place au doute. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si le juge Garzon a choisi la visite officielle au Maroc du Prince héritier espagnol, Felipe de Bourbon, pour lancer le mandat contre des responsables marocains.