Ce qui se passe en Algérie depuis dix ans ne saurait être collé à l’Islam et qualifié de phénomène sui-generis aux sociétés musulmanes. Car, il s’agit bel et bien d’un phénomène daté dans le temps et l’espace. En effet, depuis son indépendance, l’Etat algérien a gouverné le pays par l’armée et un parti qui ne tolérait guère les divergences de vue. Vivant sur les avoirs de la rente pétrolière, les autorités algériennes avaient depuis fort longtemps su dissimuler les failles de leur gestion économique et politique .Faute de répondre aux besoins grandissants d’une population devenue de plus en plus allergique aux discours hypnotisants de sa classe politique dominée par le seul parti toléré, c’est-à-dire le FLN (Front de libération nationale), le régime a versé dans une fuite en avant diplomatique qui s ‘est avérée coûteuse sur le plan national. Pour accompagner les réformes amorcées par la politique de libéralisation économique, l’ancien président Chadli Benjadid, a promis à son peuple l’adoption de mesures libérales sur le plan politique. Une attitude qui a été dictée par la contrainte des émeutes d’octobre 1988 à Alger et dans plusieurs villes. Trois ans plus tard, le FIS (Front islamiste du salut) remporte la majorité des sièges aux élections, suivi du Front des forces démocratiques de Houcine Aït Ahmed et du FLN. Pour mette fin à cette aventure dont l’aboutissement final restait incertain, l’armée intervient, prend d’assaut le pays et interdit les résultats des élections. Dans le feu de l’action et des réactions, l’anarchie se répand, les dirigeants du FIS, Abbassi Madani et Ali Belhaj arrêtés, les « hittites », jeunes chômeurs des villes, passèrent à l’action. Et la violence se propage dans l’ensemble du territoire algérien. La guerre civile fratricide se déclenche alors au nom de l’Islam. L’éternel cheval de Troie des extrémistes.